Finances publiques: les "warnings" de Jouahri

Brahim Taougar - Le360

Revue de presseKiosque360. Régionalisation, décompensation, retraite... Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale, s’inquiète du retard pris dans la mise en oeuvre des réformes.

Le 18/09/2016 à 23h20

Le témoignage du gouverneur de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, lors de la 10e édition du colloque des finances publiques qui s’est tenu le week-end dernier à Rabat, a été l’un des moments les plus saillants de l‘événement. A tel point que L’Economiste en fait la Une de son édition du lundi 19 septembre. Il faut dire que le patron de la banque centrale a fait part de ses vives inquiétudes quant à un certain nombre de points qui pourraient menacer la soutenabilité des finances publiques, à commencer par la régionalisation. Jouahri a utilisé des mots forts pour exprimer «sa peur bleue» de la mise en oeuvre de la régionalisation avancée. Il craint, comme le rapporte le journal, que cette mise en place soit un «gouffre financier».

Par ailleurs, concernant la retraite, il déplore, comme le rapporte L’Economiste, que la réforme ait à ce point traîné. Il faudra encore un nouveau round de négociations, une perte de temps qu’on aurait pu s’éviter.

Abdellatif Jouahri s’est aussi étendu sur la mise en place de la loi organique de finances qu’il «faudra réussir». Ce ne sera pas facile puisqu’elle nécessite «une mise à niveau profonde du système d’informations comptable et budgétaire, compte tenu du niveau de transparence exigé par cette loi».

La décompensation a, également, été évoquée. «Même s’il salue la décompensation des produits pétroliers, le gouverneur déplore tout de même la non répercussion de la baisse du cours sur les prix à la pompe», précise L’Economiste. Il estime aussi et surtout que cette réforme doit être élargie aux produits de base (farine, au sucre et au gaz butane). La détermination des mécanismes de ciblage est, dans ce sens, plus que nécessaire.

Le gouverneur a conclu sur le caractère essentiel de la rationalisation des dépenses de l’Etat. Il propose, pour ce faire, de «mener une revue générale» et insiste, surtout, sur «l’efficacité de la dépense et le rendement de l’investissement qui constituent une sérieuse problématique».

Jouahri a aussi fait allusion aux deux chantiers du moment de la BAM, soit le régime des changes et l’inflation, qui sont des préalables à la soutenabilité des finances publiques.

Par Rachid Al Arbi
Le 18/09/2016 à 23h20