Financement du développement durable en Afrique: le Maroc, un exemple à suivre

Les intervenants à la rencontre organisée, le 23 avril 2024 à Casablanca, par Casablanca Finance City Authority, en partenariat avec l’OCDE, sur le financement du développement durable en Afrique.

Casablanca Finance City Authority a organisé, mardi 23 avril à Casablanca, en partenariat avec le Centre de développement de l’OCDE, une conférence sur le financement du développement durable en Afrique. Il en ressort notamment que le continent accuse un important déficit dans ce domaine, et que le Maroc a réalisé de grands progrès lui permettant d’y être présente comme l’exemple à suivre.

Le 24/04/2024 à 11h36

Casablanca Finance City Authority (CFCA) a organisé, mardi 23 avril à Casablanca, en partenariat avec le Centre de développement de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), une rencontre consacrée à la présentation de la 5ème édition du rapport conjoint réalisé par l’OCDE et l’Union africaine (UA), intitulé: «Dynamiques de développement en Afrique : investir dans le développement durable».

Cette rencontre a porté essentiellement sur les moyens de financement qui s’offrent au continent pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) fixés par l’ONU en 2015.

Il en ressort notamment que le déficit de financement des ODD en Afrique est estimé à environ 1.600 milliards de dollars jusqu’en 2030. Selon les estimations du rapport, le continent aurait ainsi besoin de financements supplémentaires à hauteur de 194 milliards de dollars par an pour atteindre les ODD à cet horizon, un déficit annuel qui équivaut à 7% du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique, 34% de ses investissements en 2021, et à moins de 0,2% du stock mondial et 10,5% du stock africain d’actifs financiers.

Le rapport relève que les économies africaines disposent de «formidables» atouts pour combler ce déficit de financement. Toutefois, les crises mondiales affectent davantage les investissements en Afrique que dans d’autres régions de la planète.

Il note aussi qu’en Afrique, le coût du capital dépasse désormais les niveaux des autres régions du monde, excluant certains États africains des marchés obligataires et freinant l’investissement dans des secteurs à fort potentiel transformateur comme celui des énergies renouvelables.

Pour renforcer la résilience aux chocs extérieurs et améliorer la confiance des investisseurs, les auteurs du rapport appellent les responsables politiques africains à travailler «main dans la main» avec les partenaires internationaux et la société civile africaine pour la mobilisation de l’investissement au service de l’Agenda 2063 (plan directeur de l’Afrique pour se transformer en une puissance mondiale de l’avenir) et du développement durable.

Trois priorités pour dynamiser l’investissement durable

Ils proposent à cet effet trois priorités d’action pour dynamiser l’investissement durable à travers le continent. La première est le partage de données plus abondantes et de meilleure qualité pour réduire les coûts de transaction, améliorer l’évaluation de la durabilité et renforcer la confiance des investisseurs.

La deuxième est le renforcement des capacités du vaste réseau africain de financement du développement pour permettre d’améliorer l’efficacité des financements au service du développement durable. La troisième priorité consiste en des politiques d’intégration régionale pour dynamiser et harmoniser le paysage de l’investissement en Afrique.

Concernant le Maroc, le rapport signé OCDE-UA indique que notre pays a réalisé d’importants progrès dans le domaine du développement durable qui lui permettent d’être cité en exemple à suivre aussi bien le continent d’une manière générale qu’au niveau de la région d’Afrique du Nord.

Ces progrès ont été soulignés par les différents intervenants lors de cette rencontre régionale, dont Saïd Ibrahimi, directeur général de CFCA, Leila Benali, ministre marocaine de la Transition énergétique et du Développement durable,et Ragnheiður Elín Árnadóttir, directrice du Centre de développement de l’OCDE.

Parmi ces progrès, relevés par le rapport dans un chapitre intitulé «Investir dans l’action climatique pour le développement durable en Afrique du Nord», figure notamment l’amélioration de l’attractivité du Royaume pour les financements climatiques.

Le rapport indique, en effet, que les réformes initiées lors de la COP 22 ont permis au Maroc d’ouvrir la voie avec l’émission de deux obligations vertes et que le développement de ces mécanismes financiers innovants a amené l’Égypte et le Maroc à mobiliser 1,1 milliard de dollars entre 2016 et 2021.

Globalement, les pays d’Afrique du Nord peinent à attirer les financements climatiques, selon le rapport. Sur la période 2019-2020, ils ont reçu une moyenne de 5,8 milliards de dollars par an, soit un montant largement inférieur aux plus de 39 milliards de dollars annuels nécessaires d’ici à 2030 pour faire face au changement climatique, souligne-t-il.

Également, le Royaume est le pays le moins vulnérable aux chocs climatiques en Afrique du Nord et constitue avec la Tunisie le groupe de pays nordafricains les mieux préparés à faire face au changement climatique, selon le rapport.

Energies renouvelables: stratégie ambitieuse

Le pays dispose aussi de la stratégie la plus ambitieuse dans le domaine des énergies renouvelables (EnR), avec pour objectif d’atteindre une part de 52% d’EnR dans la production nationale d’électricité d’ici 2030.

D’autres points forts du Maroc ont été cités par le rapport. Il s’agit notamment de la mise en place d’un cadre institutionnel et réglementaire clair pour la mobilisation de financements durables, l’adhésion du pays au projet d’interconnexion des bourses africaines et le renforcement de l’inclusion financière pour élargir l’accès aux financements durables aux populations les plus pauvres.

Par Lahcen Oudoud
Le 24/04/2024 à 11h36