Il y a de cela 5 ans, le Maroc avait emprunté 1 milliard d’euros sur 10 ans. Montant du taux d’intérêt: 3,5%. Aujourd’hui, le même montant a été accordé au Royaume, mais sur 12 ans et pour seulement 1,5%. C’est cette prouesse que la directrice du Trésor au ministère de l’Economie et des finances, Faouzia Zaâboul, a défendu dans un entretien accordé au quotidien l’Economiste pour sa livraison de ce lundi 2 décembre.
Pour elle, la différence entre les deux périodes tient, certes, à la baisse des taux en Europe, mais aussi à l’amélioration des équilibres macroéconomiques. Les investisseurs, essentiellement des gestionnaires de fonds et des compagnies d’assurances, font ainsi preuve de confiance quant au «risque Maroc» en lui concédant, de la sorte, une baisse de 75 points de base de prime de risque.
Les roadshows menés par les Finances à l’international ont également permis au Trésor de mieux calibrer sa sortie, dit Zaâboul. «Nous projetions par exemple une émission sur 12 ou 20 ans. Les investisseurs étaient plus intéressés par la maturité à 12 ans», souligne-t-elle.
Pourquoi un taux aussi bas? Pour la directrice du Trésor, le génie se trouve dans les choix économiques du pays. «Nous n’avons aucune emprise sur les taux de référence qui peuvent fluctuer, même au moment du pricing», précise Zaâboul. La baisse précitée tient davantage à la crédibilité du Maroc: la stabilité politique, le cadre macroéconomique, le maintien de l’investment grade depuis 12 ans (tiens!), les réformes et l’assurance par rapport aux perspectives de développement.
Si 37% de la dette extérieure sont assortis d’un taux variable, Zaâboul rassure. «La dette à taux variable représente moins de 10% de l’encours global», indique-t-elle. Le risque est donc tolérable.
Une question se pose cependant: mais où va donc tout cet argent emprunté? Que l’on se rassure: de par la loi, «le Trésor ne peut emprunter pour financer les dépenses de fonctionnement… Le Maroc investit massivement dans les infrastructures… Si nous recevons beaucoup d’investissements directs étrangers, ce n’est pas seulement grâce à la stabilité politique, mais c’est aussi parce que le pays a des arguments à faire valoir sur le plan des infrastructures. Tout n’est pas négatif», résume Zaâboul.