Plus de 1,1 million de Marocains sont en quête d'un emploi. Le taux de chômage se situe, en effet, aux alentours de 10%. Or, près de 63% des salariés, soit pratiquement 2 sur 3, n’ont pas de contrat de travail, révèlent les rédacteurs du rapport sur le capital immatériel. Plus de 3,1 millions de personnes seraient concernées, souligne l'Economiste dans son édition du 24 janvier.
Ces travailleurs ne sont pas à l'abri d'abus de la part des employeurs. La concentration de l'emploi dans les secteurs à faible contenu technologique, le manque de qualification des ressources et la mauvaise foi de certains dirigeants expliquent en partie le taux élevé d'emploi précaire. Dans plusieurs industries manufacturières, par exemple, les employés ne sont pas très regardants, à partir du moment où leurs salaires leur sont versés. Or cette négligence a des répercussions, à court et à long terme.
Le taux de chômage chez les personnes sans diplôme s'établit à 3,8%. Il est 4,5 fois plus élevé chez les diplômés. Ce décalage interpelle sur la qualité des systèmes éducatifs et de formation. En outre, il tient aussi à la faible diversification de l'économie. Les mutations en cours, avec une orientation vers les industries à forte valeur ajoutée et l'émergence de nouvelles activités dans le numérique ou, encore, l'économie verte, permettront de créer davantage d'emplois de qualité. Mais il y a encore du pain sur la planche.
A l’heure actuelle, chaque point de croissance a entraîné la création de moins de 9000 emplois en 2014 et en 2015. Ces résultats sont parmi les plus mauvais depuis 1990, relèvent Bank Al-Maghrib et le Conseil économique, social et envoronnemental dans le rapport sur le capital immatériel. Le contenu en emploi de la croissance s'est nettement détérioré, ces dernières années. Le Haut commissariat au plan (HCP) estime ainsi que l'élasticité de l'emploi à la croissance se situe entre 0,3 et 0,5 point. Autrement dit, lorsque la croissance augmente, l'emploi progresse de 0,3 à 0,5 point, ce qui est très faible. Pour mieux intégrer les jeunes et les femmes et profiter pleinement de l'aubaine démographique, le Maroc doit créer 200.000 emplois en moyenne par an. Pour y arriver, l'économie doit croître d'au moins 6% en moyenne par an pendant 10 ans.