Des importations massives: le Maroc face à la dépendance céréalière

Entre juin et septembre 2025, le Maroc a importé près de 3,9 millions de tonnes de céréales.

Revue de presse Malgré un léger repli des volumes au démarrage de la campagne 2025/2026, le Maroc reste dépendant des marchés internationaux pour sécuriser son approvisionnement en céréales. Entre juin et septembre, près de 3,9 millions de tonnes ont été importées, confirmant une tendance structurelle liée à la sécheresse et aux besoins persistants des filières d’élevage et d’agro-industrie. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 05/10/2025 à 19h37

Les pluies tardives du printemps avaient fait renaître un mince espoir parmi les agriculteurs marocains. Mais pour les céréales, culture emblématique du pays, la saison était déjà compromise. «Les chiffres confirment aujourd’hui une réalité implacable: le Maroc continue de dépendre fortement des importations pour assurer sa sécurité alimentaire, malgré un ralentissement relatif au début de la campagne 2025/2026», écrit le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du 6 octobre.

Jamais les contraintes hydriques n’ont autant pesé sur l’agriculture nationale. Les années successives de sécheresse ont profondément fragilisé la production céréalière locale, contraignant le Royaume à maintenir des volumes massifs d’importations. Entre juin et septembre 2025, le pays a importé 3,89 millions de tonnes de céréales, soit une baisse de 7% par rapport à la même période un an plus tôt, selon la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL).

Derrière ce recul global se cachent des évolutions très contrastées. Le blé dur connaît une envolée spectaculaire (+74%), atteignant près de 390.000 tonnes. Le blé tendre, qui reste la principale céréale importée, recule de 12% à environ 1,5 million de tonnes. Le blé fourrager bondit de 81%, tandis que le maïs poursuit sa progression (+10%), porté par les besoins persistants du secteur avicole. À l’inverse, l’orge s’effondre de 69%, conséquence directe du recul du cheptel et d’une moindre demande des éleveurs.

«La tendance n’est pas plus favorable pour les produits dérivés, dont les importations chutent de 21% sur la période, à 687.000 tonnes», souligne Les Inspirations Eco. La pulpe de betterave (-45%), le son de blé (-48%) et la coque de soja (-28%) reflètent la baisse d’activité dans certaines filières d’élevage. Toutefois, certains intrants connaissent une véritable explosion: le tourteau de colza bondit de 152% et la luzerne double presque (+116%), illustrant l’adaptabilité des opérateurs qui privilégient les intrants les plus compétitifs sur le marché mondial.

Sur les neuf premiers mois de l’année 2025, le Maroc a importé au total 7,87 millions de tonnes de céréales, un volume quasiment stable (-2%) par rapport à 2024. Le blé dur confirme sa montée en puissance (+22%), le maïs progresse (+10%), tandis que l’orge continue de reculer (-51%). Côté produits dérivés, les importations atteignent 1,96 million de tonnes, en hausse de 9%, portées notamment par la pulpe de betterave (+45%) et le tourteau de colza (+193%).

Malgré ces volumes importants, le Maroc parvient à maintenir un approvisionnement régulier et des prix relativement stables. Les arrivages de blé tendre avoisinent 450.000 tonnes par mois, assurant la continuité des stocks. Le prix de cette céréale clé s’établit autour de 255 dirhams le quintal, sortie port, alors que l’État garantit une restitution dès que le seuil des 270 dirhams est franchi.

«Nous sommes dans un contexte mondial favorable, grâce à de bonnes récoltes dans l’hémisphère Nord. Les disponibilités importantes permettent d’approvisionner les marchés à des niveaux corrects», explique Omar Yacoubi, président de la FNCL, cité par Les Inspirations Eco. Le marché français, en particulier, reste un fournisseur majeur, avec des prix avoisinant 200 euros la tonne, bien en dessous du seuil de restitution fixé par les autorités.

Pour éviter toute rupture, l’Office national interprofessionnel des céréales et légumineuses (ONICL) a renforcé son mécanisme de stockage. Huit millions de quintaux font désormais l’objet d’un stockage rémunéré, financé par l’État, auquel les importateurs ont largement adhéré. Ce dispositif vise à garantir l’équivalent de deux mois de consommation nationale en stock stratégique. Si les prévisions pour les prochains mois demeurent incertaines, liées à l’évolution de la consommation et aux fluctuations internationales, les signaux restent globalement positifs.

Le Maroc continue toutefois de marcher sur un fil: sa dépendance structurelle aux importations souligne l’urgence d’une réflexion en profondeur sur la résilience de son agriculture face au dérèglement climatique.

Par La Rédaction
Le 05/10/2025 à 19h37