Dépôts des ménages: Merci l’amnistie des changes!

«Le patrimoine financier des ménages a fière allure». C’est ce que nous annonce le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 8 juillet. Le quotidien spécialisé a choisi de consacrer une lecture analytique au volet des placements des ménages contenu dans le rapport annuel de Bank Al-Maghrib, rendu public au début du mois. Et il est vrai que les chiffres se prêtent à un décryptage…

Les placements financiers des ménages ont enregistré, en 2014, une hausse de près d’un tiers, passant de 54 à 72 milliards. Ce bond spectaculaire est d’abord justifié par une amélioration significative des réserves techniques de l’assurance-vie. Celles-ci enregistrent plus de 50% de progression pour s’établir à 12,8 milliards de dirhams.

Mais la locomotive des placements des ménages reste les dépôts bancaires classiques. Les actifs comptabilisés sur ce produit se sont améliorés de plus de 11 milliards pour afficher un solde créditeur de 47 milliards de dirhams. Rapporté au nombre de foyers marocains (7,3 millions, selon le dernier recensement), cela représente une moyenne de 6.465 dirhams par foyer. Les Marocains parviendraient-ils désormais à mieux épargner? A première vue, c’est le cas. D’autant que L’Economiste nous rappelle que l’enquête du Haut commissariat au plan révèle que «56% des foyers considèrent que leurs revenus couvrent leurs dépenses et sont prêts à épargner». Mais un tel raccourci est à relativiser.

D’ailleurs, une analyse plus poussée de la nature de ces dépôts laisse deviner que le rapatriement des avoirs à l’étranger, encouragé par l’amnistie des changes, a eu un effet non négligeable. Les quelque 18 milliards de dirhams de hausse des placements des ménages ne sont pas loin du montant des déclarations de rapatriement d’avoirs liquides dans le cadre de la contribution libératoire.

Dans le détail, les encours des dépôts en devises se sont améliorés de quelque 5,1 milliards de dirhams. Les dépôts à terme du Trésor ont également progressé de 3,5 milliards et, enfin, les titres des OPCVM ont été multipliés par 2,5 pour s’établir à 5,1 milliards de dirhams.