C’est un tournant dans la politique monétaire du Maroc. Abdellatif Jouahri a annoncé que Bank Al-Maghrib «avait préparé un projet de loi encadrant les cryptoactifs». Cette déclaration a été faite le 26 novembre lors d’un symposium sur la stabilité financière. Selon le gouverneur, le texte de loi est en cours d’adoption.
La Banque Centrale aurait-elle changé d’avis après l’explosion du cours du bitcoin consécutive à l’élection de Donald Trump? C’est la question soulevée par le magazine Jeune Afrique. Quoi qu’il en soit, cette annonce marque un contraste frappant avec l’interdiction prononcée en 2017 de l’usage des monnaies électroniques au Maroc. À l’époque, les autorités, qualifiant ces monnaies «d’occultisme», mettaient en garde les utilisateurs contre les «risques importants» qu’elles représentaient.
«Une interdiction qui n’a pourtant jamais dissuadé les Marocains d’en acquérir. En 2022, le pays comptait environ 1,15 million de détenteurs d’actifs virtuels», rapporte Jeune Afrique, en citant le think tank Policy Center for the New South. En 2024, le Maroc s’est classé à la 27ᵉ place du top 30 de l’indice mondial d’adoption des cryptomonnaies, établi par le site spécialisé Chainalysis.
Bien que le Maroc ait reculé de six places par rapport à 2023 dans ce classement, il se positionne néanmoins au troisième rang dans la région Moyen-Orient-Afrique du Nord, derrière la Turquie. «Entre juin 2023 et juin 2024, le volume des transactions en cryptomonnaies au Maroc a atteint 12,7 milliards de dollars, un montant qui place le Royaume au troisième rang en Afrique pour l’usage des cryptos, derrière l’Éthiopie (2ᵉ) et le Nigeria (1er)», précise l’article. De son côté, Abuja a enregistré des flux atteignant 57 milliards de dollars sur une année.
Outre les cryptomonnaies, Abdellatif Jouahri a également abordé la question des monnaies digitales des banques centrales (MDBC), notamment le projet du e-dirham. Bank Al-Maghrib s’efforce de déterminer dans quelle mesure cette nouvelle forme de monnaie pourrait contribuer à la réalisation de certains objectifs de politique publique. Depuis trois ans, la banque centrale étudie les conditions nécessaires à la création d’une telle devise, qualifiant ce travail «de longue haleine». Le gouverneur souligne qu’il est essentiel de prendre en compte l’impact des MDBC sur «certaines missions de la Banque Centrale, notamment la politique monétaire et la stabilité financière».