Devenu un véritable oracle des cryptomonnaies, le fantasque patron de Tesla fait la pluie et le beau temps sur le cours du Bitcoin. Fin mars, son tweet «vous pouvez maintenant acheter une Tesla en Bitcoins» avait fait grimper le prix de la devise virtuelle, le propulsant à des niveaux record, à plus de 60.000 dollars.
Sa société avait investi en début d'année 1,5 milliard de dollars dans le Bitcoin. A la fin du premier trimestre, son portefeuille dans la cryptomonnaie valait 2,48 milliards de dollars, d'après un document boursier publié fin avril.
Mais Elon Musk semble avoir changé d'avis. Le milliardaire a surpris son monde, cette semaine, en annonçant sur son compte Twitter que Tesla, son entreprise de véhicules électriques, n'acceptait plus le Bitcoin comme moyen de paiement, par souci de préserver l'environnement, le minage de Bitcoins consommant beaucoup d'électricité.
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«Tesla a suspendu les achats de voitures avec des Bitcoins. Nous sommes inquiets du recours de plus en plus important aux combustibles riches en carbone pour miner des Bitcoins, surtout le charbon, qui a les pires émissions (de gaz à effet de serre) de tous les combustibles», a tweeté Musk.
«L'utilisation d'énergie sur les derniers mois est dingue», a encore tweeté jeudi matin le milliardaire fantasque en partageant un graphique du Cambridge Bitcoin electricity consumption index (CBECI).
Conséquence? Le cours du Bitcoin a brutalement dévissé, perdant temporairement jusqu'à 15% dans la nuit de mercredi à jeudi, tombant à 46.045,10 dollars, une première depuis le 1er mars. Il est ensuite un peu remonté, mais restait en net recul, s'échangeant à 47.985,95 dollars.
«La nature du minage de Bitcoin n'a pourtant pas changé», remarque Daniel Ives, analyste de Wedbush, cité par l’AFP. «Faire marche arrière trois mois plus tard est très surprenant et déroutant à la fois pour Tesla et les investisseurs en cryptomonnaie», souligne-t-il.
L'évolution de la consommation d'électricité estimée de la devise virtuelle, en hausse quasi-constante depuis 2016 et en nette accélération depuis la fin 2020. Elle est actuellement estimée à son plus haut historique, à 149 TWh (TeraWatt-heure). A titre de comparaison, Google a consommé 12,2 TWh en 2019, et l'ensemble des centres de données dans le monde à l'exception de ceux qui minent du bitcoin, consomme environ 200 TWh, selon George Kamiya, analyste à l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
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«Si le bitcoin était un pays il utiliserait la même quantité d'électricité par an que la Suisse», décryptent les analystes de Deutsche Bank dans une note.
«La cryptomonnaie est une bonne idée à plein de niveaux et nous pensons qu'elle a un avenir prometteur, mais cela ne doit pas compromettre l'environnement», a expliqué Elon Musk. «Tesla ne vendra pas de Bitcoins et nous l'utiliserons pour des transactions dès que les mines seront alimentées par des énergies plus durables», a-t-il ajouté.
Cette annonce surprise constitue un revers pour la plus célèbre des cryptomonnaies. En outre, cet épisode conforte le caractère extrêmement volatile des monnaies virtuelles, dont les cours changent brutalement d’orientation à la moindre déclaration de l’influent patron de Tesla.
Ce dernier a d’ailleurs, une nouvelle fois, fait preuve de son influence sur le marché des monnaies virtuelles, lors de son passage à la très populaire émission satirique américaine SNL (Saturday Night Live): le multimilliardaire a cette fois-ci encensé une autre cryptomonnaie, le Dogecoin, la qualifiant de «véhicule financier impossible à arrêter qui va conquérir le monde». Suite à cette intervention, le prix du Dogecoin a atteint un record à plus de 70 cents…