Le Maroc se positionne au 27ᵉ rang mondial en matière d’adoption de la cryptomonnaie. Son écosystème fintech compte aujourd’hui plus de 50 sociétés actives, principalement des start-up technologiques, témoignant du fort potentiel de ce secteur pour les années à venir. Le constat est du quotidien L’Economiste, dans un focus dédié publié dans son édition du mercredi 3 septembre.
La cryptomonnaie offre des avantages concrets: réduction quasi totale des coûts de transfert, transactions en temps réel, contrôle direct des fonds par les utilisateurs et usage universel, identique partout dans le monde. Pourtant, malgré ce potentiel, l’utilisation des crypto-actifs reste interdite sur le territoire marocain. Néanmoins, de nombreux citoyens continuent d’y recourir via des plateformes alternatives, lit-on. Les études récentes confirment une adoption croissante, avec des volumes de transactions et des flux utilisateurs atteignant 12 milliards de dollars en 2024. Plusieurs millions de portefeuilles numériques échangent chaque année l’équivalent de plusieurs milliards de dollars, selon des experts internationaux.
Cette dynamique plaide en faveur de l’instauration rapide d’un cadre légal sur les crypto-actifs. Une loi spécifique est attendue d’ici la fin de l’année. Dans l’intervalle, l’ouverture de l’économie marocaine à la blockchain pourrait attirer davantage d’investissements, faciliter le financement de projets et l’intégration de nouveaux actifs numériques dans les chaînes de paiement. Elle permettrait également de renforcer les synergies entre banques traditionnelles, fintechs et finance décentralisée, souligne L’Economiste.
Cité par le quotidien, Cédric Nicolas, expert en intelligence artificielle et cryptomonnaie, relève que «la blockchain réduit les coûts de transfert, accélère les règlements, offre un contrôle total des fonds et garantit l’universalité des transactions. Elle permet aux portefeuilles numériques d’échanger des jetons de pair-à-pair presque instantanément et à moindre coût, tout en sécurisant les transactions grâce à la cryptographie».
Les blockchains, héritières de l’invention de Bitcoin en 2008, fonctionnent via des réseaux d’ordinateurs exécutant un même algorithme de validation des transactions. La majorité de ces réseaux sont publics et ouverts, permettant à de nouvelles machines de rejoindre le réseau sans autorisation préalable. «Il est stratégique pour un pays comme le Maroc de s’intéresser à ces technologies révolutionnaires afin de préserver sa souveraineté monétaire», souligne Cédric Nicolas.
Un autre enjeu majeur réside dans l’émission de stablecoins adossés au dirham marocain. Actuellement, plus de 99 % des stablecoins sont libellés en dollars, représentant plus de 250 milliards de dollars en circulation. «Contrairement aux autres cryptomonnaies, les stablecoins ont une valeur stable liée à un actif réel, généralement une monnaie traditionnelle. Ils servent de passerelle entre finance classique et finance décentralisée et représentent un outil précieux pour des centaines de millions de personnes, notamment dans les pays émergents, en protégeant contre l’inflation et en facilitant des paiements transfrontaliers rapides et peu coûteux», explique l’expert.
Malgré les volumes massifs échangés en cryptomonnaie, le Maroc manque encore d’un dispositif de sensibilisation et d’information pour le grand public, note L’Economiste. «Des campagnes de formation doivent être lancées rapidement. Le gouvernement devrait encourager les startups à investir dans ce domaine et réfléchir à l’intégration des nouveaux actifs numériques dans les chaînes de paiement», préconise Cédric Nicolas. Certains pays africains, notamment anglophones, ont déjà pris une longueur d’avance sur ce sujet, tandis que le Maroc, seconde place financière du continent, n’a pas encore fixé de date pour la mise en œuvre de son cadre réglementaire.








