La Banque Africaine de développement a été mandatée par la Primature et le Millenium Challenge Corporation (MCC) pour se pencher sur le modèle de croissance marocain. Ses conclusions ne sont pas toujours tendres pour les gouvernants actuels et leurs prédécesseurs. En effet, "les conclusions du rapport pointent une série d’erreurs de choix en termes de promotion de certains secteurs par rapport à d’autres", peut-on lire dans les colonnes de l’Economiste de ce jeudi 26 février. C’est ce qui explique "le paradoxe du modèle économique marocain qui a un taux d’investissement parmi les plus élevés dans le monde avec près de 31,7% du PIB, mais qui réalise une croissance inférieure au résultat escompté", soulignent les auteurs du rapport. Pour eux, "les investissements qui devraient accélérer la croissance sont concentrés dans les branches qui créent peu de valeur ajoutée en raison du fort contenu en importations technologiques". Ces secteurs trop favorisés seraient l’automobile, l’aéronautique, l’électronique, soit les nouveaux métiers mondiaux du Maroc qui enchantent tant les pouvoirs publics à cause de la croissance très forte qu'ils enregistrent.
Aller vers plus d’industrialisationL’Economiste relève que les conclusions de la Banque africaine de développement (BAD) contrastent avec celles des autres institutions internationales qui ont eu à se pencher sur l’économie marocaine. Car la BAD estime que, dans les métiers classiques que sont l’agriculture et le textile, les rendements sont respectivement de 191% et 130%. Il y a donc de quoi réfléchir quant à l’orientation que l’on souhaite donner à l’économie. Ou bien faut-il alors engager des changements en profondeur qui feraient que l’économie marocaine tout entière puisse bénéficier à fond de l’effort d’investissement? La clé est peut-être dans l’industrialisation. Car c’est là un autre problème que pointe le rapport BAD. Les "chaînes de valeurs sont peu développées et le processus d’innovation peu développé".Au niveau du tissu des entreprises qualifié de "peu dynamique", il y a lieu de surmonter certaines contraintes, notamment la faiblesse du capital humain, les risques microéconomiques qui constituent une contrainte majeure au développement de l’investissement privée". A cela s’ajoute la lenteur du système juridique, les distorsions du système fiscal, l’accès difficile au foncier, etc.