L’activité économique tournera au ralenti cette année, selon le Centre marocain de conjoncture (CMC).
«La sévérité de la sécheresse et l’évolution assez contrastée des secteurs les plus dynamiques dans un environnement encore hésitant ne permettent pas d’envisager, en l’état actuel, un redressement significatif du cycle de croissance par rapport aux tendances passées», a indiqué le CMC dans une nouvelle analyse intitulée «Processus désinflationniste, à quand le desserrement de l’étau monétaire?».
Pour les économistes du centre, les projections pour la fin de cet exercice sur la base des indicateurs d’activité du premier semestre et leur évolution probable au second convergent pour prédire un «ralentissement sensible» de la croissance économique par rapport à l’année 2023.
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En plus de la contraction attendue des activités agricoles avec l’annonce du repli de 43% de la production céréalière, cette perspective est attribuée par le CMC pour l’essentiel à l’affaiblissement des principales composantes de la demande globale sous l’effet conjugué de l’alourdissement des coûts pour les entreprises et de perte de pouvoir d’achat pour les ménages.
Cette analyse note que l’un des indicateurs les plus significatifs de la tendance à la baisse du cycle d’activité économique est la montée du taux de chômage, dont le niveau a atteint au premier trimestre la moyenne au niveau national de 13,3% (17,5% en milieu urbain et 6,8% en milieu rural), relève le CMC.
«La forte détérioration de la situation de l’emploi qui ressort de ces données est révélatrice de l’ampleur du creux conjoncturel du moment et de la faible capacité des structures productives à faire face, en l’état actuel, à une demande sociale sans cesse croissante», note-t-il.
Les arbitrages de politique économique à revisiter
Les auteurs de cette analyse estiment que les arbitrages en matière de politique économique sont à revisiter à la lumière de l’analyse de la situation conjoncturelle, mais aussi des objectifs à moyen et à long terme.
Le CMC rappelle que le Maroc est engagé pour les prochaines années dans de vastes chantiers, dont notamment le développement d’infrastructures économiques et sociales «de grande envergure», en plus du projet de la généralisation de la protection sociale.
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Ces chantiers, souligne-t-il, impliquent «des investissements de grande ampleur dont le financement ne peut être assuré de façon soutenable sur le long terme que par une dynamique de croissance régulière, plus intense et plus inclusive».
L’étau monétaire à desserrer
Il relève que la consolidation progressive des comptes publics observée depuis 2023 et la restructuration de la politique actionnariale de l’État contribuent au renforcement des marges de manœuvre budgétaires pour «un engagement accru dans la dynamique économique à travers l’effort d’investissement public visant la mise en place de conditions plus propices à l’entreprise et à la prise de risque».
Le CMC met également l’accent sur un autre volet qu’il considère déterminant, à savoir les conditions de financement «qui peuvent constituer un véritable handicap pour l’entreprise et pour lesquelles les orientations arrêtées en matière de politique monétaire peuvent jouer un rôle décisif».
Il estime ainsi que, compte tenu du processus désinflationniste engagé depuis le début de l’année, le desserrement de l’étau monétaire «qui se fait pressant» peut être d’un grand apport pour la dynamique de l’investissement et la relance de l’activité.