Depuis la crise immobilière de 2009, les banques n'ont cessé de raboter au compte-gouttes le taux d'intérêt réservé aux crédits immobiliers. En 2008, les taux de crédits immobiliers aux particuliers se situaient entre 5,5 et 6,5% hors assurance, voire en dessous des 5,5% hors assurance pour les meilleurs dossiers. Seulement, depuis 2015, grâce à la campagne agressive d'une banque de la place qui proposait un taux de 4,5%, “les acheteurs ont pris conscience qu'il était possible d'obtenir des taux plus bas”, analyse Yassine Lahlou, directeur général du site Meilleurtaux.ma, interrogé par Aujourd'hui le Maroc qui rapporte ses propos dans son édition du 21 janvier.
Cette tendance s'est précisée en septembre dernier, quand un grand promoteur immobilier, décidé à relancer ses ventes dans le segment du haut standing, a proposé un taux fixe à 3,99% hors assurance. De quoi laisser croire aux consommateurs que la baisse des taux était bel et bien, désormais, une réalité. Cette situation avait d'ailleurs fait réagir plusieurs banques à capitaux étrangers présentes au Maroc.
Pour autant, ces différentes offres attractives n'ont pas provoqué de véritable effet boule de neige, ni modifié totalement le paysage des conditions de crédits au Maroc. En effet, la plupart des grandes banques qui détiennent les parts de marché les plus importantes continuent de proposer des taux de 5,80% hors assurance.
Seulement, il y a eu une réaction du côté des Marocains et des futurs acheteurs qui estiment, pour leur majorité, que si certains acteurs ont réussi à proposer des taux inférieurs à 5%, les autres banques peuvent aussi le faire. Plusieurs facteurs pèsent en faveur de cet effort, essentiellement la baisse des transactions immobilières qui place désormais les acheteurs en position de force et leur permet de prendre tout leur temps avant de signer un compromis de vente.
De fait donc, les banques n'ont aucun intérêt à conserver les taux actuels, puisque la conjoncture économique du pays, marquée par la baisse des crédits aux entreprises, fait naturellement du crédit immobilier l'outil numéro 1 dans le développement des portefeuilles bancaires. Enfin, les banques se retrouvent dans une situation où la baisse de la demande devient plus que jamais problématique. Ce qui les incitera tôt ou tard à revoir leur taux, prophétise Aujourd'hui le Maroc.