L'impact du nouveau coronavirus et les faibles performances du secteur agricole auront pour effet de ralentir la croissance au Maroc, souligne Moody's dans une note publiée ce lundi 27 avril.
La croissance du crédit sera d'environ 5% en 2020, contre 5,7% en 2019, alors que le taux de sinistralité (part des créances en souffrance) devrait passer de 9% en 2019 à 11 % en 2020.
Les secteurs de l'hôtellerie et de la restauration (représentant 1,5% des prêts à fin 2019), du commerce (6,4%) et des transports seront les plus touchés par le coronavirus. Connues pour leur vulnérabilité, les PME détiennent 37% des prêts aux entreprises (celles-ci concentrent 65% de l’encours des crédits).
L'exposition croissante des banques aux pays d'Afrique subsaharienne qui présentent un profil de risque plus élevé que le Maroc, pèse sur les perspectives de croissance. A fin 2019, le volume des crédits en Afrique subsaharienne représentait 17,5% des prêts des trois banques marocaines (BOA, BCP, ATW).
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L’agence Moody’s se montre toutefois satisfaite de la réponse du gouvernement à la pandémie, ce qui contribuera à limiter l’ampleur de la détérioration de la qualité des actifs des banques. La création du Fonds spécial Covid-19, le report des échéances (bancaires, sociales, fiscales), la mise en place de l'indemnité-chômage, etc. «Le financement demeure solide et stable. La liquidité restera élevée. Les banques marocaines ont des profils de financement stables et une liquidité élevée, soutenus par une base de dépôts solide et diversifiée», est-il précisé.
Moody’s voit d’un bon œil les mesures annoncées par Bank Al-Maghrib (triplement de la capacité de refinancement des banques) qui, si elles sont pleinement mises en œuvre, seront en mesure d’atténuer les effets négatifs du coronavirus sur les banques, soutient l'agence.
Par ailleurs, Moody’s s’attend à une diminution de la rentabilité des banques, en raison du repli des revenus issus des marges nettes d'intérêts (ces derniers représentent 66% du Produit net bancaire).
«Les provisions pour pertes sur prêts augmenteront sensiblement, car les conditions commerciales difficiles nuisent à la capacité de remboursement des emprunteurs. Cela dit, les activités africaines à haut rendement continueront de soutenir les bénéfices des trois banques panafricaines», poursuit la même source.
Sans remettre en cause la forte volonté du gouvernement de soutenir, si nécessaire, le secteur bancaire, Moody’s estime que la capacité budgétaire du Maroc est limitée. «Le Maroc a une dette publique relativement élevée mais soutenable (66% du PIB). La taille du système bancaire, elle, est relativement élevée, avec un total actifs représentant environ 135% du PIB à fin 2019», constate l'agence de notation Moody's.
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