Chômage des jeunes diplômés: cette anomalie qui ronge le Maroc

Le chômage des jeunes diplômés au Maroc illustre l’inadéquation entre leurs compétences et les attentes des entreprises.. DR

Revue de presseLe chômage des jeunes diplômés au Maroc illustre l’inadéquation entre leurs compétences et les attentes des entreprises. L’employabilité, reliant formation, compétences et soft skills devient un enjeu stratégique. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 11/09/2024 à 20h40

Ils sont des milliers de jeunes diplômés à chercher désespérément un emploi, armés de leurs diplômes et remplis d’ambitions, mais qui peinent souvent à décrocher des entretiens débouchant sur un recrutement. De l’autre côté, des entreprises, malgré l’abondance de candidatures sur le marché du travail, se plaignent d’une pénurie de profils adéquats, citant l’inadéquation des diplômes et des formations avec les compétences et soft skills recherchés. Cette inadéquation a fait l’objet d’une analyse parue dans les colonnes du magazine Challenge.

«Cette double réalité reflète un problème plus profond, celui de l’employabilité des jeunes diplômés, un concept qui pose la question de la capacité des individus à répondre aux exigences évolutives du marché du travail», lit-on.

Cité par l’hebdomadaire, l’économiste Ahmed Azirar rappelle que le chômage des jeunes est avant tout une conséquence du rythme de la croissance économique, seule véritable source de création d’emplois. Cependant, il nuance son propos, ajoutant que la question de l’employabilité est plus complexe que cela.

Selon lui, l’employabilité dépend de nombreux facteurs: l’enseignement, la formation professionnelle, la formation continue en entreprise et l’encadrement. «Cela signifie que pour assurer l’employabilité des jeunes diplômés, il ne suffit pas d’améliorer le système éducatif. Il faut aussi revoir les stratégies de formation continue au sein des entreprises et investir dans le développement des compétences des employés», lit-on encore.

En face, les initiatives locales en faveur de l’emploi sont souvent insuffisantes ou mal adaptées aux réalités locales. De plus, les candidats eux-mêmes sont parfois mal préparés à comprendre l’importance des soft skills et des compétences complémentaires pour leur future carrière.

L’économiste explique que, trop souvent, les jeunes diplômés se concentrent uniquement sur l’obtention des diplômes, sans intégrer des compétences plus larges, pourtant essentielles pour les entreprises. Cette remédiation aux faiblesses des compétences est cruciale pour améliorer leur insertion professionnelle.

L’employabilité est un défi particulièrement stratégique pour un pays comme le Maroc. Un pays engagé dans une quadruple transition: démographique, digitale, environnementale et énergétique. «Ces transitions impliquent des mutations profondes et l’apparition de nouveaux métiers, avec des attentes renouvelées de la part des entreprises en matière de compétences», souligne-t-on.

En somme, il ne s’agit plus seulement de satisfaire des ambitions individuelles, mais bien de mobiliser les forces vives pour accélérer le développement économique et social du pays. Cela à un moment où il a toutes les chances de faire le bond attendu.

Par Lamia Elouali
Le 11/09/2024 à 20h40