Céréales: les importations atteignent un niveau historique cette année

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La rentrée agricole est pour bientôt. La moisson de la dernière campagne céréalière a laissé des trous dans le solde agricole. Pour couvrir son déficit en blé, le Maroc se devait d’importer encore plus cette année. Pas forcément depuis la France, son premier fournisseur, mais probablement de Russie.

Le 11/09/2016 à 08h35

Avec une campagne agricole des plus pingres des dix dernières années, le Maroc est acculé à augmenter ses importations pour couvrir ses besoins en céréales.

Déjà, le Maroc est bien approvisionné avec pas moins de 5 millions de tonnes de céréales engrangés. Sans doute, les achats à l’étranger se poursuivent, tirant profit de la baisse des prix sur le marché international en raison d’une production record cette année. Il s’agit aussi de combler le déficit de la dernière campagne nationale dont la production n’a pas dépassé les 3,3 millions de tonnes contre plus de 10 millions de tonnes, un record, une année auparavant.

On assiste au scénario de l’année 2007, où les importations ont atteint un pic à 6,7 millions de tonnes (pour une production locale de 5,2 MT). Des achats qui ont culminé aussi à 5,7 MT l’année suivante, en dépit d’une récolte record de plus de 10,3 MT en 2009. En principe, les importations atteindraient facilement le seuil des 7 MT ne serait-ce que pour assurer les stocks stratégiques, en cette période de changement climatique et de caprices météorologiques.

La France moins présenteCela dit, le Maroc est un pays structurellement importateur de blé. Il arrive en 2e position après l’Algérie (mais devant l’Egypte) en tant que client de la France, principal fournisseur de ces trois pays. Sauf que cette année, la France sera moins présente en raison d’une baisse d’au moins 25% de sa production cette année.

Pour la première fois de son histoire, l’Hexagone a connu des intempéries exceptionnelles au printemps et une météorologie très particulière qui a affecté aussi d’autres pays comme la Grande Bretagne et l’Allemagne, fait remarquer Yann Lebeau, responsable de France Export Céréales, basé à Casablanca.

Ainsi, les importations des blés français seront sensiblement réduits au profit de celles d’origine russe. Les raisons? La Russie, exportateur majeur des céréales au niveau mondial, a enregistré une bonne campagne cette année.

Du blé russeLe Maroc pourrait importer du blé russe, confie une source de la COMADER, l’organisation patronale du monde agricole. La réunion, le 15 septembre à Agadir, de la commission mixte maroco-russe aura son mot à dire : la Russie, qui a l’avantage d’offrir du blé de qualité à prix compétitif, devrait intéresser les professionnels qui voudraient augmenter, dans le sens inverse, les ventes de fruits et légumes sur le marché russe.

Seul biais: le fret. Même si les prix sur les marchés sont très bas comparativement aux années précédentes (à l’instar de toutes les matières premières agricoles), ce sont les charges de transport qui feront la différence, explique M. Lebeau. Pas seulement. Les droits de douane pourraient jouer un rôle incitatif. Or depuis juin dernier, les pouvoirs publics marocains ont augmenté le droit d’importation applicable au blé tendre et ses dérivés à 65% contre 30 en début de campagne. Une taxe douanière valable jusqu’au 15 août dernier.

Chez les producteurs comme chez les négociants mais aussi l’ONICL, l’information semble relever du «secret défense». Il va falloir attendre le 10 octobre, date officielle de la rentrée agricole, pour appréhender le déroulement de la nouvelle campagne et les mesures à prendre par le prochain gouvernement. 

Pour l’heure, d’après les statistiques disponibles auprès de l’Office des changes, les importations -plus concentrées au cours des quatre premiers mois- ont totalisé, à fin juillet, près de 5 millions de tonnes - dont 3,7 MT de blé tendre (ou blé meunier), le reste étant réparti entre le maïs (1,1 MT) et l’orge (0,72 MT)- pour une valeur de près de 11 milliards DH sur sept mois. Un chiffre appelé à gonfler puisque les appels d’offres de l’ONICL n’ont pas encore été apurés. 

Par Abdelouahed Kidiss
Le 11/09/2016 à 08h35