Centres régionaux d’investissement: un nouveau cap pour ancrer la régionalisation

Le siège du Centre Régional d'Investissement de la Région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, à Tanger.

Revue de presseDans la foulée de la régionalisation avancée, le Royaume du Maroc engage une nouvelle étape dans la réforme de ses Centres régionaux d’investissement (CRI). Objectif: transformer ces guichets administratifs en véritables moteurs de croissance territoriale, au service des TPME et du développement local. Décryptage d’une réforme ambitieuse, qui veut rapprocher l’investissement des réalités du terrain, dans cette revue de presse tirée de Finances News Hebdo.

Le 20/07/2025 à 18h22

Avec l’adoption du décret-loi n°2.25.168, le Royaume poursuit une réforme majeure de son écosystème territorial d’investissement.

Validé récemment par la Chambre des représentants, ce texte parachève la refonte des Centres régionaux d’investissement (CRI) et des Commissions régionales unifiées d’investissement (CRUI), indique le magazine Finances News Hebdo.

Mais, au-delà d’un simple ajustement législatif, cette réforme incarne une ambition plus large: transformer l’investissement régional en un levier concret de développement économique, porté avant tout par les très petites, petites et moyennes entreprises (TPME).

Depuis plusieurs années, la régionalisation avancée est érigée en pilier de la politique de développement national.

La loi 47.18 avait déjà donné un premier élan à la modernisation des CRI. Le nouveau décret-loi vient, quant à lui, opérationnaliser la mise en place d’un dispositif d’appui spécifique aux TPE et PME, en tenant compte des réalités économiques, sociales et culturelles propres à chacune des 12 régions du Royaume, écrit-on encore.

Pour le professeur Hassan Edman, économiste et spécialiste des politiques territoriales cité par Finances News, cette réforme est stratégique. «Elle concrétise une approche décentralisée du développement. Chaque territoire pourra désormais activer ses propres leviers, en s’appuyant sur les ressources locales et sur un accompagnement de proximité», a-t-il ainsi déclaré.

Longtemps perçus comme de simples intermédiaires bureaucratiques, les CRI sont appelés à devenir de véritables facilitateurs du climat des affaires régional. Leur mission ne se limite plus à instruire les dossiers administratifs. Ils doivent désormais identifier les potentiels endogènes, qu’ils soient agricoles, artisanaux, industriels ou touristiques, et les valoriser.

Ce repositionnement implique une coordination renforcée entre acteurs économiques locaux, collectivités territoriales et institutions publiques.

En misant sur l’assistance technique, la simplification des démarches administratives et un meilleur accès au financement, l’État souhaite donner aux TPME les moyens de croître et de créer de l’emploi, au plus près des réalités locales.

Autre évolution majeure, les Commissions régionales unifiées d’investissement, jusqu’ici principalement consultatives, voient leurs prérogatives élargies.

Elles disposeront désormais d’un pouvoir décisionnel accru, leur permettant de statuer plus efficacement sur les projets d’investissement. Une avancée qui vise à réduire les délais, fluidifier les parcours des investisseurs et donner davantage de visibilité aux porteurs de projets locaux, souligne le magazine.

«Ce nouveau modèle place l’entrepreneur au centre du dispositif, avec un parcours simplifié et un accompagnement coordonné», a résumé Hassan Edman. «Les politiques nationales d’entrepreneuriat sont désormais ajustées aux besoins réels des territoires», a-t-il ajouté.

Pour encourager la création d’activités dans les zones à faible contribution au PIB national, diverses incitations spécifiques devraient voir le jour.

L’objectif est de stimuler un développement plus équilibré entre les régions, tout en garantissant la viabilité économique des initiatives locales.

Les CRI, en lien avec l’Agence Maroc PME et d’autres organismes spécialisés, seront chargés de proposer des solutions adaptées: aides à l’investissement, accompagnement à l’export, formation, mise en réseau… Le tout, dans une logique de synergie entre dispositifs nationaux et réalités régionales.

Mais cette réforme institutionnelle, aussi ambitieuse soit-elle, ne saurait suffire à elle seule, relève Finances News Hebdo.

Car sur le terrain, plusieurs défis structurels freinent encore le décollage de certaines régions.

«Des disparités subsistent, notamment en matière d’infrastructures, de services publics ou de conditions d’attractivité pour l’investissement», a souligné Edman.

Le capital humain est un autre point, névralgique. Dans certaines collectivités locales, le manque de compétences techniques, de capacités de gestion ou de ressources budgétaires limite l’efficacité des dispositifs mis en place. D’où la nécessité d’un renforcement institutionnel, notamment par le biais de transferts de compétences, de formation continue et de contrats État-Région clairs et contraignants.

Pour le professeur Edman, la réussite de cette réforme passe aussi par une planification stratégique mieux articulée et par une gouvernance plus inclusive. «Il est essentiel d’impliquer les citoyens dans la définition des priorités économiques régionales et de suivre des objectifs mesurables. Seule une régionalisation bien appliquée, adaptée aux réalités du terrain et portée par tous, permettra de bâtir un développement équilibré et durable», a souligné l’expert.

À travers ce nouveau décret-loi, le Royaume réaffirme ainsi sa volonté de faire des territoires le moteur de sa dynamique économique.

Il reste désormais à traduire cette ambition sur le terrain, pour que chaque région devienne un véritable incubateur de croissance, d’emploi, et de prospérité.

Par La Rédaction
Le 20/07/2025 à 18h22