Buzzichelli Maroc est le genre de société que le public ne connaît pas, bien qu’elle brasse chaque année des centaines de millions de dirhams. Ensemblier industriel, ses plus grands clients sont de grandes ou petites entreprises qui confient à cette société, fondée par Abdellah Zouhir en 1983, le montage clés en main de leurs projets industriels. Mais voilà, les difficultés financières qu’elle traverse aujourd’hui risquent de défaire la réputation de cette société. Son Assemblée générale prévue pour le 29 juin risque d’être houleuse, d’autant plus que Buzzichelli compte dans son tour de table deux fonds d’investissement, notamment «Capital North Africa Venture Fund» et «Fonds Mezzanine».
En effet, la société a soldé l’exercice 2014 sur une note catastrophique. Son chiffre d’affaires a été divisé par cinq: de 617,7 MDH réalisés en 2013, le volume d’affaires a fondu à 123,1 MDH une année plus tard. Pis encore, son résultat d’exploitation est passé de 4,4 MDH à un déficit de 86,7 MDH. Concernant le résultat net, l'année 2014 a été soldée sur un déficit de près de 100 MDH, alors que la société était à l’équilibre une année auparavant.
Contactés par Le360 pour expliquer l’ampleur de ces difficultés financières, les responsables de Buzzichelli Maroc n’ont pas souhaité répondre. Mais des sources proches de la société nous expliquent que l’année 2014 a connu des événements et des litiges commerciaux qui ont lourdement affecté l’activité de cette société basée à Mohammédia. «Sur le projet de Taqa Maroc à Jorf Lasfer, la société Buzzichelli a dû accepter un compromis avec le consortium Mitsui-Daewoo ayant généré une perte globale pour l’entreprise estimée à 87 MDH sur l’ensemble du projet, dont 25 MDH directement liés à des pénalités de retard», nous confie notre source. Et d’ajouter: «La société n’avait pas d’autres choix. Elle était asphyxiée financièrement. Avec cet arrangement à l’amiable, elle a au moins pu récupérer un règlement de 35Mdh en septembre 2014 et faire face aux règlements urgents des fournisseurs». D’ailleurs, pour gérer les dettes fournisseurs, la société a dû recourir à un crédit relais de 35 MDH auprès des banques. Ce qui lui a donné un répit pour négocier un rééchelonnement de la dette exigible des fournisseurs et des partenaires sociaux et fiscaux pour un montant global de quelque 106.728 KMAD.
Les déboires de Buzzichelli ne se sont pas arrêtés à ce grand projet de Jorf Lasfar. L'année 2014 a été également marquée par le report de chantiers à l’export en Afrique pour quelque 600 MDH. Cela a eu pour effet de placer l’entreprise dans une situation financière précaire, au point que des cadres dirigeants de l’entreprise ont dû rendre leur tablier. Pas moins de trois directeurs ont présenté leur démission car ne croyant plus vraiment en la capacité de l’entreprise de dépasser cette crise.
Pourtant, selon nos sources, Buzzichelli s’est entourée de trois cabinets conseil pour fixer une nouvelle vision stratégique. Celle-ci devra être présentée aux actionnaires dès le 29 juin et laisse miroiter des perspectives prometteuses pour les actionnaires. La société a entrepris en parallèle un plan social drastique pour réduire ses charges fixes. Décision a été prise de geler les embauches et les salaires et surtout de ne plus remplacer les départs. Cela suffira-t-il à convaincre les actionnaires de la capacité de Buzzichelli Maroc de rebondir?