Bourse de Casablanca: un nouveau cycle porté par les IPO et le retour des investisseurs

Le siège de la Bourse de Casablanca.

Revue de presseLa Place casablancaise enchaîne les introductions en Bourse et retrouve une dynamique que beaucoup n’osaient plus espérer. Pour l’expert Farid Mezouar, cette effervescence s’explique par les sorties des fonds de private equity, l’appétit renouvelé des investisseurs et la croissance soutenue des entreprises candidates à la cotation. Malgré une certaine nervosité, les volumes, la participation des particuliers et la réussite des dernières IPO confirment un tournant majeur pour le marché financier marocain. Cet article est une revue de presse tirée de Challenge.

Le 27/11/2025 à 19h44

La Bourse de Casablanca retrouve des couleurs. Portée par une succession d’introductions en Bourse et par un regain d’activité, la place financière semble entrer dans une phase plus durable de dynamisme. Dans un entretien accordé au magazine Challenge, Farid Mezouar, expert des marchés financiers, explique que cette accélération est largement alimentée par les stratégies de sortie des fonds de private equity, mais aussi par l’appétit retrouvé des investisseurs pour des entreprises en pleine expansion et bénéficiant de valorisations élevées. Malgré une nervosité encore palpable, l’essor des volumes, l’afflux de nouveaux investisseurs particuliers et l’effet d’entraînement des dernières IPO marquent un tournant pour le marché marocain.

Depuis 2020, sept sociétés ont rejoint la cote casablancaise et 2025 prolonge cette tendance avec l’arrivée de Vicenne et les introductions attendues de Cash Plus et de SGTM. Pour Mezouar, ce regain s’explique d’abord par le rôle clé joué par les fonds d’investissement: «Il me semble que le principal catalyseur des IPO récentes est la sortie de fonds de private equity comme Mediterranea Capital» Selon lui, la Bourse offre à ces investisseurs une porte de sortie idéale, «grâce aux bons ratios de valorisation obtenus lors de ces ventes». Il rappelle également que les entreprises introduites sont souvent en pleine croissance et nécessitent des fonds propres importants, même si la concurrence de la dette bancaire ou privée peut freiner l’élan.

«L’année 2025 pourrait ainsi constituer un point d’inflexion. Sans retrouver l’effervescence de 2007-2008, la courbe semble changer de direction», souligne Challenge. «Avec un potentiel de trois introductions en Bourse en 2025, le rythme des IPO s’accélère légèrement avec un point d’inflexion fort probable», estime Mezouar. La hausse des cours depuis 2023 renforce cette dynamique, de même que la visibilité médiatique offerte par la cotation, dont profitent déjà des entreprises comme Vicenne ou CMGP.

Dans ce contexte, Cash Plus et SGTM semblent avoir trouvé un moment propice pour envisager leur introduction. «Malgré la nervosité actuelle des investisseurs, la Bourse de Casablanca affiche toujours des ratios de valorisation assez élevés», observe Mezouar. Le multiple de bénéfices avoisine 21, un niveau qui «séduit les émetteurs et leurs actionnaires». Il souligne néanmoins que le calendrier exact d’une IPO reste soumis aux contraintes réglementaires.

L’une des particularités de Cash Plus réside dans sa politique de distribution de dividendes, avec un pay-out moyen annoncé de 85% entre 2025 et 2030. Pour Mezouar, cette générosité n’est pas conjoncturelle: «vraisemblablement, ce pay-out est structurel», estime-t-il. Le modèle économique de l’entreprise, majoritairement fondé sur un réseau de franchisés, limite ses besoins en investissement récurrent, ce qui permet d’entretenir cette politique de rendement élevée.

La dynamique globale du marché confirme ce mouvement. Avec une hausse d’environ 4% du MASI au troisième trimestre et une capitalisation dépassant les 1 000 milliards de dirhams, la tendance est «assez importante», juge Mezouar. Il insiste sur le rôle croissant des investisseurs particuliers: «au deuxième trimestre, les personnes physiques marocaines ont réalisé une part de 27,9% des échanges, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis 2017», note Mezouar. L’augmentation de capital de TGCC, qui a attiré plus de 82 000 souscripteurs, illustre cet engouement.

«Le marché reste toutefois marqué par des contrastes sectoriels», note Challenge. «Les investisseurs semblent jongler entre la logique top-down et celle du bottom-up», analyse Mezouar, une approche accentuée par la pratique courante du trading à court terme. Certaines industries traversent des phases transitoires, comme la chimie, tandis que d’autres bénéficient d’un contexte porteur. L’expert estime par ailleurs que la classification sectorielle gagnerait à être simplifiée, notamment via une fusion de segments dispersés comme l’immobilier et l’hôtellerie.

La confiance revient également du côté des institutionnels, en particulier via les OPCVM. «Ce sont surtout les OPCVM qui portent le marché boursier», affirme Mezouar, rappelant qu’ils concentrent 43% de la capitalisation flottante et 37% des volumes échangés.

Quant aux perspectives, l’expert appelle à la prudence pour la fin d’année, période traditionnellement volatile. Mais il se montre nettement optimiste pour la suite. «Nous sommes très optimistes pour 2026, avec une estimation du potentiel de hausse du MASI à deux chiffres», annonce-t-il. Le moteur principal selon lui: le chantier colossal du Mondial 2030, dont l’impact économique est estimé à 1,7% de croissance. Combiné à d’autres programmes structurants (dessalement, infrastructures électriques et portuaires) et à des prévisions de croissance du PIB de 4,6% en 2026, ce contexte pourrait maintenir la Bourse de Casablanca sur sa trajectoire ascendante.

Par La Rédaction
Le 27/11/2025 à 19h44