Azemmour cherche un nouveau souffle touristique

Une vue murailles d'Azemmour surplombant l'oued Oum Errabia.

Ville ancienne posée sur les rives de l’Oum Er-Rbia, Azemmour voit son tourisme se contracter malgré un patrimoine rare. Tandis que des guides touristiques venus de Marrakech redécouvrent la cité pour mieux la promouvoir, acteurs associatifs et spécialistes appellent à un véritable circuit touristique et à un soutien institutionnel devenu indispensable.

Le 05/12/2025 à 15h27

À 16 km au nord d’El Jadida et à 72 km au sud ouest de Casablanca, Azemmour offre une médina préservée, des remparts séculaires, une vue saisissante sur le fleuve et une histoire qui traverse les époques. Tout semble réuni pour en faire une destination culturelle majeure. Pourtant, la ville s’essouffle et accueille chaque année moins de visiteurs, faute d’une mise en valeur adaptée aux attentes du tourisme interne.

La récente visite de guides touristiques de Marrakech a toutefois apporté une lueur d’espoir. Leur présence, mercredi 3 décembre, a mis en évidence la singularité d’Azemmour, son authenticité et son potentiel encore inexploité. Ils ont souligné l’urgence d’un parcours clair permettant aux visiteurs marocains de vivre une expérience complète, lisible et mémorable.

Lors de cette rencontre, l’intervention de l’un des membres du groupe, le guide touristique Ahmed El Jabri, a particulièrement retenu l’attention. Dans une allocution riche et structurée, il a livré une vision précise du rôle du guide touristique, qu’il considère comme un médiateur essentiel entre le patrimoine et le visiteur, un gardien de la mémoire et un véritable ambassadeur de l’identité culturelle.

Pourquoi il faut inclure les guides touristiques

Selon lui, toute stratégie de valorisation passe par la reconnaissance du métier de guide et par la mise à disposition d’outils, de connaissances et de cadres de travail adaptés. Il a insisté sur le fait que le développement touristique ne peut se concevoir sans donner au guide la place qu’il mérite.

La rencontre a d’ailleurs donné lieu à un débat ouvert et franc entre les guides touristiques, les acteurs civils, les propriétaires de maisons d’hôtes, les artisans et les représentants du tissu local. Les échanges ont permis de dresser un diagnostic précis de la situation touristique actuelle avant de déboucher sur un ensemble de recommandations stratégiques. Parmi les propositions retenues figurent la nécessité d’impliquer le ministère du Tourisme et celui de la Culture, le Conseil de la région, le conseil communal ainsi que les organisations de la société civile.

Ce diagnostic est partagé par Bouchaib Kamal, acteur associatif engagé dans la promotion de la ville. Il affirme qu’Azemmour possède une identité culturelle unique mais trop peu visible. Selon lui, sans un parcours structuré, le visiteur passe à côté de l’essentiel et ne reste que quelques heures. Il insiste sur la nécessité de transformer la ville en véritable produit touristique, capable de raconter son histoire et d’accompagner le visiteur.

À quand un circuit touristique culturel?

L’idée d’un circuit qui relierait la médina, les remparts portugais, les ateliers d’artisans, les lieux spirituels et la corniche fait consensus. Les guides venus de Marrakech ont d’ailleurs noté l’absence d’un fil conducteur capable de donner sens à la visite, un manque que les habitants constatent depuis longtemps.

Saïd El Farsi, vice-président de l’Alliance de la société civile à Azemmour et dans les environs, déplore la baisse de fréquentation et la désorganisation qui l’accompagne. Il souligne que le visiteur est souvent livré à lui-même, sans signalisation, sans accueil, sans animation. Il estime qu’un circuit professionnel serait un investissement modeste mais décisif, capable de revitaliser toute l’économie locale.

L’historien Abdelatif Aouam insiste, de son côté, sur la nécessité de raconter la ville. Il rappelle qu’Azemmour est un livre d’histoire à ciel ouvert, façonné par des influences amazighes, portugaises, juives et arabes. Pourtant, ce livre reste fermé, faute de médiation culturelle. Il plaide pour une mise en récit claire, accessible et fidèle qui permettrait au visiteur marocain de comprendre l’âme de la ville.

La relance touristique aurait des effets directs sur l’artisanat, la restauration, les hébergements et l’emploi local. Pour que cette dynamique voie le jour, un appui institutionnel reste cependant indispensable, qu’il s’agisse d’ingénierie touristique, de promotion ou d’investissements ciblés, estime Saïd El Farsi.

Par La Rédaction
Le 05/12/2025 à 15h27