Avocat: une campagne 2025 incertaine

Sous l’effet conjugué du dérèglement climatique, de la baisse des volumes récoltés et d’une intensification de la concurrence internationale, la campagne 2025 de l’avocat marocain s’annonce particulièrement difficile.. DR

Revue de presseEntre les effets du changement climatique, la chute des volumes et une concurrence internationale féroce, la campagne 2025 de l’avocat marocain s’annonce délicate. Sur un marché européen saturé et volatil, le Royaume devra miser sur la précision logistique et la qualité pour défendre sa place parmi les grands exportateurs. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien L’Economiste.

Le 06/10/2025 à 20h18

La nouvelle saison de l’avocat s’ouvre dans un climat d’incertitude pour les producteurs marocains. Confronté à des pertes massives et à une concurrence mondiale exacerbée, le Maroc joue cette année une partie serrée sur le marché européen, son principal débouché, indique le quotidien L’Economiste dans son édition du mardi 7 octobre.

L’été 2025 a mis les vergers marocains à rude épreuve. Deux vagues de chaleur successives, en juin puis en août, ont entraîné un avortement massif des fruits dans les grandes zones productrices, notamment dans le Souss, le Loukkos et le Gharb. «Les pertes oscillent entre 40 et 60% selon les régions, ramenant la récolte nationale à environ 80 000 tonnes, contre plus de 120 000 les deux campagnes précédentes», souligne L’Economiste. Cette contraction du volume s’accompagne d’une évolution notable du profil des fruits: moins nombreux, mais plus gros. Une caractéristique qui, dans le contexte actuel, s’avère doublement tranchante.

Le marché européen, qui absorbe l’essentiel des exportations marocaines, est aujourd’hui saturé. Le Pérou, principal concurrent du Royaume, a enregistré une campagne record avec plus de 20 800 conteneurs expédiés vers l’Europe, soit une hausse de 30% en un an. Résultat, les prix ont dégringolé, surtout pour les gros calibres, exactement ceux que le Maroc produit cette année. Dans les marchés de gros néerlandais et allemands, le kilo d’avocats de grande taille se négocie parfois sous les 2,50 euros, tandis que les petits formats, devenus rares, dépassent les 3 euros.

Le Maroc se retrouve ainsi pris dans une équation difficile: une récolte concentrée sur les gros fruits, au moment où le marché en regorge.Au-delà du Pérou, le paysage concurrentiel mondial n’a jamais été aussi dense. La Colombie s’impose désormais comme un fournisseur stratégique pour l’Europe, grâce à sa production étalée sur l’année et à une qualité de chair supérieure (taux de matière sèche supérieur à 23%), répondant aux exigences des distributeurs. L’Afrique de l’Est, elle aussi, avance ses pions. Si le Kenya a orienté une part de sa récolte vers la production d’huile, allégeant temporairement la pression sur le frais, le Rwanda et la Tanzanie montent en puissance. Quant à l’Afrique du Sud, elle partage avec le Maroc une même fenêtre commerciale, entre les semaines 40 et 44, ce qui accentue la concurrence directe. Même le Guatemala, historiquement tourné vers l’Amérique du Nord, multiplie désormais les expéditions vers l’Europe.

«Malgré ce contexte tendu, le Maroc conserve quelques avantages compétitifs majeurs», relève L’Economiste. Sa proximité géographique avec l’Europe lui assure une réactivité logistique que ses concurrents latino-américains ne peuvent égaler. De plus, la qualité gustative et la maturité homogène de l’avocat marocain sont reconnues par plusieurs enseignes, notamment en France et en Italie, marchés historiques du Royaume. Encore faut-il savoir jouer avec le temps.

Pour espérer tirer son épingle du jeu, le Maroc devra miser sur une fenêtre commerciale étroite entre la fin de la campagne péruvienne (vers la semaine 42) et l’entrée en force de l’Espagne (semaine 46). Autrement dit, entre mi-octobre et mi-novembre, une période charnière où le positionnement des fruits est stratégique.

Un lancement maîtrisé à partir de fin octobre permettrait de profiter d’un marché encore en demande, avant que l’Espagne, plus proche et souvent moins chère, ne change la donne, lit-on encore. Les gros calibres devront être placés dans des programmes sécurisés avec des distributeurs partenaires. Les calibres intermédiaires, eux, devront être dirigés vers des circuits capables de les écouler sans dépréciation.

Quant aux petits fruits, rares cette année, ils seront à réserver aux marchés les plus premium (Allemagne, Pays-Bas et pays scandinaves), où la demande en petits formats reste forte.

Cette campagne 2025 s’annonce comme un véritable test de maturité pour la filière marocaine de l’avocat. Dans un marché européen encore déséquilibré par les excédents de l’été, le succès du Royaume dépendra moins de la quantité exportée que de sa capacité à livrer au bon moment, avec le bon calibre, la bonne qualité et au bon prix.

Par La Rédaction
Le 06/10/2025 à 20h18