Assurance Takaful: les limites d’un système

L’offre des produits d’assurance Takaful demeure limitée aux garanties et risques de l’activité bancaire participative, ce qui restreint la taille des fonds.. DR

Revue de presseLa réussite de cette activité, limitée aux garanties et risques de l’activité bancaire participative, est tributaire de l’élargissement de l’offre à d’autres branches telles que l’automobile et la santé, qui pourraient dynamiser ce marché et améliorer sa rentabilité. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Le Matin du Sahara et du Maghreb.

Le 07/02/2024 à 21h07

L’offre des produits d’assurance Takaful demeure limitée aux garanties et risques de l’activité bancaire participative, ce qui restreint la taille des fonds, indique BMCE Capital Global Research (BKGR) dans une note dédiée, dont les conclusions sont relayées par le quotidien Le Matin du Sahara et du Maghreb.

Le secteur bancaire dispose d’un gisement de 21,6 milliards de dirhams de financement Mourabaha à fin décembre 2023, ce qui correspond à un marché cible sur le stock à couvrir de 86 millions de dirhams, sur la base d’un taux médian de 0,4%, explique BKGR dans sa récente note sur le secteur des assurances au Maroc «Takaful: Mirage ou relai de croissance?». «Celui-ci devrait croître à un rythme similaire à celui du financement participatif, dont l’encours a progressé de 24 milliards de dirhams entre 2018 et 2023, soit à peine 10% de la variation en volume de l’encours global de crédits sur la même période», fait savoir la même source.

«En termes de commissions, ce niveau de primes devrait à peine générer des revenus de près de 26 millions de dirhams pour les compagnies d’assurance», lit-on.

Contrairement à l’assurance conventionnelle, les dispositions relatives au contrat d’assurance Takaful excluent toute notion liée à la prescription des droits, permettant ainsi aux participants et ayants droit de réclamer leur dû à n’importe quel moment. Cette situation devrait conduire à la constatation d’un niveau de provisionnement relativement élevé pour faire face aux sinistres survenus non déclarés, réduisant ainsi l’excédent technique des comptes (des provisions sur sinistres à payer nettes de 2,1 millions de dirhams au premier semestre 2023).

«Ainsi, il semblerait que la réussite de cette activité soit tributaire de l’élargissement de l’offre à d’autres branches telles que l’automobile et la santé, qui pourraient dynamiser ce marché et améliorer sa rentabilité», lit-on. Cela étant, une diversification des produits proposés, notamment au niveau des assurances obligatoires, pourrait s’accompagner d’un risque de cannibalisation entre l’assurance islamique et celle conventionnelle.

De son côté, l’investissement Takaful (épargne), qui ne représente que 5% du total des primes actuellement, pourrait également contribuer à la croissance de ce marché. Cependant, son développement demeure freiné par un écosystème participatif incomplet, notamment en termes de marché des capitaux (Bourse, Sukuks et fonds d’investissements).

Moralité: l’émission de Sukuks (souverains et privés) semble nécessaire aujourd’hui afin de permettre aux compagnies d’assurance Takaful de répondre, en matière de politique d’investissement des contributions des fonds, à «la contrainte chariatique» de la conformité aux avis du Conseil Supérieur des Oulémas.

La première et seule émission de Sukuk souverain au Maroc a eu lieu en octobre 2018. Celle-ci a porté sur un montant de 1 milliard de dirhams amortissable sur une durée de 5 ans pour un rendement annuel de 2,6%.

Par Lamia El Ouali
Le 07/02/2024 à 21h07