Aéronautique: ce qu'il faut retenir de l'implantation d'un écosystème Boeing au Maroc

le roi Mohammed VI recevant en audience, mardi 27 septembre au Palais royal à Tanger, le président de Boeing Commercial Airplanes, M. Raymond L. Conner.

le roi Mohammed VI recevant en audience, mardi 27 septembre au Palais royal à Tanger, le président de Boeing Commercial Airplanes, M. Raymond L. Conner. . MAP

La signature d’un protocole d’accord pour la création d’un écosystème industriel de Boeing au Maroc a fait l’effet d’une bombe dans le secteur, tant le projet constitue une réelle opportunité pour placer l'aéronautique nationale au sommet de l’échiquier mondial. Voici ce qu'il faut en retenir.

Le 28/09/2016 à 16h53

L’annonce de la signature d’un protocole d’accord pour la création d’un écosystème industriel de Boeing au Maroc a fait l’effet d’une bombe dans le secteur, tant le projet constitue une réelle opportunité pour placer le secteur aéronautique national au sommet de l’échiquier mondial.

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes: un milliard de dollars de chiffre d’affaires à l’export supplémentaire, au moins 8700 nouveaux postes d’emplois dans le secteur, 120 équipementiers internationaux fourniront Boeing à partir du Maroc… Ce projet, à lui seul, permettra au secteur aéronautique de quasiment doubler sa dimension dans le royaume.

Pour apporter plus d’éclairage là-dessus, Moulay Hafid Elalamy a tenu un point de presse ce mercredi où il s’est plié aux jeux des questions-réponses. En voici les principaux enseignements.

Un projet royal!La genèse du projet, tel que révélé par le ministre de l’Industrie, émane du succès que connaît l’industrie automobile, surtout depuis l’implantation de l’usine Renault à Tanger et la dynamique qu’elle a créée. Ceci a inspiré le souverain qui a donné pour mission à Moulay Hafid Elalamy de convaincre un des grands constructeurs aéronautiques d’implanter un écosystème au Maroc. «Sauf qu’il n’y avait pas beaucoup de choix, le secteur étant dominé par les deux constructeurs que sont Airbus et Boeing», explique le ministre. Le constructeur américain, étant reconnu comme leader mondial du secteur, s’imposait logiquement comme la cible prioritaire.

S’en est alors suivi de longues discussions qui auraient duré pratiquement un an. Le processus aurait été piloté directement par le roi, comme le confie Moulay Hafid Elalamy.

Qu’en est-il d’Airbus ?

Interrogé par Le360 sur d’éventuels contacts avec Airbus pour ce projet, Moulay Hafid Elalamy indique que le constructeur français a bien été approché, mais pas dans le cadre d’un projet de création d’un pareil écosystème. Ce sont ces discussions qui ont d’ailleurs débouché sur l’annonce, en décembre dernier, de l’implantation à Nouaceur d’une usine de Stelia Aerospace, une filiale à 100% d’Airbus.

Pour ce qui est de l’avenir, rééditer l’expérience du secteur automobile avec l’implantation d’un deuxième constructeur (et donc d’Airbus !) n’est pas à exclure. Mais pour cela, «il faut d’abord se concentrer sur le projet Boeing et le réussir», insiste Moulay Hafid Elalamy.

Où seront implantés les équipementiers ?A la publication du communiqué annonçant la signature du protocole d’accord, une confusion est apparue quant au lieu où sera implanté cet écosystème. Beaucoup ont cru comprendre qu’il s’agissait de Tanger. Des questions se sont alors posées quant à ce choix, alors que c’est la région de Casablanca, et particulièrement Nouaceur, qui présente le plus d’atouts pour accueillir un pareil écosystème, vu sa vocation historique d’être spécialisée dans l’industrie aéronautique.

Les explications apportées par le ministre confirment finalement cette deuxième option. C’est bien à Midparc qu’il y a le plus de chance de voir les fournisseurs de Boeing s’implanter. Cependant, «nous n’avons aucune autorité pour imposer à un des fournisseurs de s’implanter dans une zone particulière», explique-t-il. D’ailleurs, il y en aurait déjà qui ont annoncé leur choix de s’installer ailleurs, mais aucune indication n’est encore donnée sur le lieu.

Par ailleurs, il y a lieu de souligner que la région de Fès pourrait également grignoter une part dans ce gâteau, le ministre annonçant la réservation d’un foncier de 50 hectares à proximité de l’aéroport de Fès et qui sera fort probablement dédié à une zone industrielle aéronautique, la deuxième au Maroc après Midparc.

L’horizon de concrétisation du projet est 2020Des objectifs bien ambitieux ont été annoncés suite à la signature du protocole d’accord. Cependant, peu de visibilité persiste quant à l'échéancier de réalisation. Interrogé par Le360, le ministre indique que le milliard de dollars supplémentaire de chiffre d’affaires à l’export qui sera généré par l’écosystème est prévu pour 2020. Il en est de même pour les 8700 postes d’emplois qui devraient être créés.

Pour y arriver, il faut compter sur l’implantation des premiers fournisseurs de Boeing dès le début de l’année prochaine. «Les négociations sont bien avancées avec certains d’entre-eux», rassure le ministre. Il explique par ailleurs que des équipes du constructeur Boeing participent directement à l’effort de mobilisation des équipementiers, ce qui facilite la tâche.

Après l’aéronautique, à qui le tour ?C’est l’une des grandes révélations faites par le ministre de l’industrie ce mercredi, même s’il n’en a dit que très peu. Des discussions sont en cours avec un autre grand constructeur industriel pour un projet d’implantation à Nouaceur, mais qui n’opère pas dans le secteur de l’aéronautique. Le ministre n’en dira pas plus !

Par Younès Tantaoui
Le 28/09/2016 à 16h53