Lors de la traditionnelle rencontre avec la presse, tenue à l’issue du dernier conseil de Bank Al-Maghrib, ce mardi 26 juin, le sujet central a été l’impact du séisme d’Al Haouz sur l’économie nationale et le coût de la reconstruction et de la réhabilitation dans les provinces touchées par ce drame. À l’occasion, Abdellatif Jouahri a réitéré l’engagement de la banque centrale à soutenir l’effort du gouvernement et à apporter sa contribution pour réussir ce chantier et soutenir les secteurs de l’économie qui pâtiront des effets du séisme.
«Nous allons déployer tous les moyens nécessaires, comme cela a été le cas dans le cadre de la gestion de la pandémie où des taux préférentiels ont été accordés pour la relance économique, à l’instar de Damane Oxygène et Damane Relance», a souligné le wali de Bank Al-Maghrib.
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Pour ce qui est de l’impact réel du séisme sur la croissance, Abdellatif Jouahri estime qu’il est encore tôt pour se prononcer, une analyse approfondie est en cours de réalisation pour mesurer l’incidence du séisme sur différents secteurs d’activité.
«La région touchée est à vocation principalement agricole. Nous avons fait tout un travail de détail, mais l’impact budgétaire, sur la balance des paiements, l’impact macro-économique ne peut pas être évalué maintenant. Il est nécessaire d’avoir du recul pour réagir», a-t-il précisé.
La décompensation pourrait attendre
Interrogé par ailleurs sur la décompensation, prise en considération dans le calcul des prévisions de la banque centrale lors du conseil de juin dernier, le wali de Bank Al-Maghrib a souligné que le séisme pourrait avoir un impact sur les programmes gouvernementaux.
«Je n’ai pas le détail au niveau budgétaire pour savoir s’il y aura décompensation ou pas. Pour établir nos prévisions, nous avons pris le total au niveau du déficit budgétaire, et en ce qui concerne le niveau d’endettement de l’État sans avoir les détails. Il faut voir maintenant la programmation qui va se faire et en faveur de quoi», a-t-il souligné.
Et d’ajouter: «Avec ce qui s’est passé vraisemblablement ce programme (celui de la décompensation) sera revu dans une certaine mesure, même le FMI va devoir comprendre... Dans certaines circonstances il y a des choses qu’on doit reporter».
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Pour rappel, lors de sa présentation au Souverain du rapport annuel de la banque centrale sur la situation économique monétaire et financière du Maroc, au titre de l’exercice 2022, Abdellatif Jouahri a mis en avant la nécessité d’accélérer la réforme de la Caisse de compensation afin de pouvoir financer les nouveaux chantiers sociaux.
«Il est de plus en plus urgent de parachever la réforme du système de compensation entamée en 2013 et qui reste encore tributaire du déploiement du dispositif de ciblage de la population en cours de finalisation», a insisté le wali de Bank Al-Maghrib.
Pour Abdellatif Jouahri, cette problématique de ciblage ne concerne pas uniquement les produits de base mais l’aide publique de manière générale. «Les dépenses fiscales représentent toujours autour de 2,5% du PIB alors même que la loi-cadre sur la fiscalité adoptée en 2021 stipule clairement que les incitations doivent faire l’objet d’une évaluation régulière de leur impact socio-économique afin de les maintenir, les réviser ou les supprimer selon le cas», a-t-il souligné.