Le Maroc s’apprête à franchir un cap technologique majeur. Dans moins de trois semaines, à l’occasion du 50e anniversaire de la Marche verte, le Royaume activera officiellement la 5G, cinquième génération des télécommunications mobiles. «Un tournant attendu depuis des années, qui promet de redéfinir le paysage numérique national», indique le quotidien L’Économiste dans son édition du mardi 14 octobre.
IAM, Orange et Inwi affûtent leurs armes. Les trois opérateurs peaufinent leurs offres commerciales et ajustent leurs stratégies marketing dans une course contre la montre pour séduire les premiers abonnés 5G. L’objectif est de rentabiliser des investissements colossaux et de consolider leurs positions sur un marché hautement concurrentiel.
«Tous les acteurs sont prêts, voire en avance sur le calendrier fixé par l’ANRT», confie une source proche du dossier citée par L’Économiste dans son édition du 14 octobre. L’Autorité de régulation a donné le ton. Licences attribuées, fréquences délimitées, périmètres tracés. Le feu vert officiel est imminent.
Côté consommateurs, l’impatience est à son comble. Les promesses sont séduisantes: débits ultra-rapides, latence réduite, transferts massifs de données. Les grandes entreprises, elles, préparent déjà leurs infrastructures pour accueillir la 5G privée. Du côté des industriels, la transformation s’accélère: OCP, Tanger Med, ONCF, ONEE, ONDA, ADM, Renault Maroc ou encore Stellantis sont sur le pont pour intégrer cette nouvelle technologie dans leurs chaînes de production et de logistique, écrit le quotidien.
En parallèle, les chantiers de fibrage battent leur plein. Casablanca, Rabat, Marrakech, Tanger, Agadir… Partout, les trottoirs sont éventrés, les câbles se déploient, les équipes s’activent. Le maillage en fibre optique constitue le socle indispensable pour absorber les débits massifs que promet la 5G.
Mais, au-delà de l’infrastructure, c’est tout un écosystème qu’il faut bâtir. «La 5G ne se limite pas à des antennes et des licences. Elle nécessite un écosystème industriel et corporate compatible», insiste un expert du secteur, également cité par L’Économiste. Selon lui, les retombées économiques ne seront pas immédiates. Les effets concrets sur la productivité et l’emploi ne se verront qu’à moyen et long terme.
Car si la technologie fascine, son modèle économique reste à construire. Les opérateurs devront convaincre les entreprises et les particuliers d’adopter la 5G alors que la 4G, encore performante et moins coûteuse, satisfait largement les besoins actuels.
«Il ne suffit pas d’octroyer des licences pour que la 5G s’impose d’elle-même», avertit un membre du conseil d’administration de l’ANRT à L’Économiste. Le succès dépendra de la pertinence des offres, de la qualité du réseau, du maillage territorial et surtout de la capacité du pays à générer du contenu et des usages à forte valeur ajoutée. Sans implication des startups, des industriels et des services publics, la 5G risque de rester une promesse technologique sans impact économique réel.
Dans cette bataille, IAM et Orange partent avec un avantage stratégique. Le groupe Orange capitalise sur une solide expérience internationale. Présent dans 26 pays, il a déjà déployé la 5G sur plusieurs marchés européens et africains. IAM, pour sa part, bénéficie du soutien d’Etisalat, son actionnaire émirati de référence, pionnier du déploiement 5G au Moyen-Orient. Ces atouts technologiques et financiers devraient leur permettre de proposer des offres plus robustes et innovantes, adaptées aussi bien aux particuliers qu’aux entreprises.
La 5G représente bien plus qu’une simple avancée technique. C’est un levier stratégique pour l’économie marocaine. Elle pourrait catalyser la transformation numérique du pays, renforcer la compétitivité industrielle et positionner le Maroc comme hub régional des télécoms en Afrique. Mais pour que la promesse se concrétise, encore faut-il qu’un véritable écosystème 5G prenne forme, associant opérateurs, industriels, startups et institutions publiques. La technologie seule ne suffit pas: c’est l’usage qui fera la différence.








