«J’ai vu ma photo sur la couverture de ce livre à la télévision. Je n’ai rien compris». Ce reportage télévisé a provoqué chez Slimane Mouhmy et sa petite famille un choc. Faisant partie de la première génération des Marocains immigrés aux Pays-Bas dans les années 60, il est celui qui a offert une poupée marocaine à la reine Juliana. C’était en 1975 à l’occasion de son anniversaire.
Slimane Mouhmy s’en rappelle comme si c’était hier. En visitant l’exposition qui se tient en ce moment à la bibliothèque nationale de Rabat, devant cette photo, il se voit et revoit tout le film de sa vie à Utrecht. Là où il a vécu durant 13 ans et a travaillé en tant que traducteur dans les usines et les tribunaux. Là où il a fondé une émission à la radio en darija, spécialement dédiée à la communauté marocaine.
Son métier de journaliste, qu’il a appris sur le tas, l’a rapproché des hautes sphères aussi bien aux Pays-Bas qu’au Maroc. En 1975, il était présent à l’audience de l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ), siégeant à La Haye dans le Palais de la Paix, sur le Sahara. Ses émissions à la radio étaient très appréciées par la communauté marocaine, mais lui ont aussi attiré beaucoup d’ennuis. «Un beau jour, un certain Edouard Moha, comme moi Soussi, est venu me rendre visite et m’a demandé de parler du Sahara et défendre la cause du Polisario. J’ai bien sûr refusé» raconte Slimane Mouhmy. C’est là que les ennuis commencent. Alors qu’il détenait un restaurant marocain, la façade toute en verre a été saccagée. Et pas qu'une fois. «J’en ai eu marre, j’ai vendu. L’assurance refusait à un moment de prendre en charge la rénovation du restaurant. On m’a alors dit qu’il s’agit d’un acte de vandalisme dont la cause est politique», confie notre source.
L’idée du retour commençait à germer dans son esprit. Un jour, alors qu’il était au Maroc, au Palais Royal pour prêter allégeance au roi Hassan II à l’occasion de la fête du Trône, il lui a fait part de tous ses tracas. «Il m’a répondu: alors il faut rentrer».
De retour au Bercail en 1979, il a travaillé à la sécurité sociale jusqu'à sa retraite. S’il a tenté d’oublier ses ennuis et ses problèmes en Hollande, il n’a pas oublié sa vie riche en expériences et son parcours jalonné de plusieurs évènements très emblématiques. Ces mêmes souvenirs se sont réveillés à la vue de cette photo de couverture et a fait naître un sentiment de manque de considération. «Ils publient ma photo, parlent des Marocains de Hollande dont je fais partie, organisent cette exposition et n’ont même pas cherché à me joindre et pourtant j’habite à deux pas du CCME», lance t-il d’un air triste.
Abdelatif Maaroufi, auteur du livre «Histoire des Marocains aux pays bas : présence et mémoire» et chargé de mission au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) dont le siège est à Hay Riad répond qu’il n’avait aucune information sur cet homme. «Je sais qu’il vivait à Utrecht et qu'il fait partie tout comme moi de la première génération de Marocains aux Pays-Bas mais je n’avais aucune trace de lui. Je ne savais ni comment ni ou le joindre » se justifie t-il dans une déclaration à le360. Maintenant, il sait que Slimane Mouhmy vit à un jet de pierre du CCME.










