Lotfi Bouchnak, chanteur et compositeur tunisien est un grand habitué du Maroc. Trois ans après son dernier passage sur la scène du festival Mawazine rythmes du monde, l’expert du maalouf tunisien est de retour. Il s'est produit jeudi soir à 19H30 au théâtre Mohammed V de Rabat.
Quelques heures avant son récital en compagnie de sa troupe, il répondra aux questions des journalistes. Fidèle à ses habitudes, son côté artiste intellectuel et engagé est ressorti. Lotfi Bouchnak a partagé plusieurs de ses convictions personnelles. « Dans le monde arabe, on a tué le maître. Avant c’était l’étudiant qui frappait à la porte de son maître. Aujourd’hui les rôles se sont inversés». C’est par ces propos que le célèbre artiste tunisien répond et donne son avis sur la situation de la culture dans le monde arabe et dans le Maghreb.
«L’artiste est le témoin de son temps. Il est là pour alarmer, rappeler. Pour ma part je vise toujours à être sincère dans tout ce que j’entreprends», rappelle Lotfi Bouchnak. A la question qu’est ce qu’il pense des voix des artistes marocains de cette génération, il répond que les voix ne sont pas suffisantes. «Nous avons des voix actuellement qui sont sublimes certes, mais malheureusement, avoir une voix ce n’est pas suffisant. Quel est ton plan, quelle est ta stratégie ? Reprendre Oum Kelthoum, Abdelouahab oui c’est bien, mais toi dans tout cela, qu’est ce que tu as à donner». Ici l’artiste évoque l’apport personnel et la valeur ajoutée souvent absente du plan des artistes montants.
A la conférence de presse, Lotfi Bouchnak a fait preuve de sincérité. Il ne s’en cache pas. «Excusez moi, mais mon objectif constant c’est d’être sincère».
A certaines questions, Lotfi Bouchnak répondra en chanson. A l’aise avec le texte, l’artiste semble être un chasseur de sens. Tout ce qu’il dit doit avoir du sens. Ses paroles renseignent sur son degrès de culture mais l’artiste refuse le qualificatif d’intellectuel. «Non je ne suis pas intellectuel». La journaliste insiste, il accepte un peu à contre cœur, mais sa sincérité le rattrape.