Rallonge de la subvention octroyée aux troupes, promotion de la création à travers la mise en place des résidences d’artistes et introduction de critères sévères pour l’octroi de l’aide à la production et à la diffusion théâtrales… Voilà les grandes lignes du projet de toilettage du texte sur la production et la diffusion théâtrale, élaboré et adopté d’un commun en accord en 1998 par le ministère de la Culture et celui de l’Economie et des finances. Sujet de critique interminable -véritable serpent de mer- l’enveloppe octroyée à la création et à la diffusion théâtrales était, à l’évidence, négligeable, voire dérisoire. 3 millions de dirhams, pas moins de 15 troupes sélectionnées devaient se partager cette modique enveloppe. Tout compte fait, cela fait 150.000 DH le spectacle ! Une "misère", déploraient les professionnels de la scène, et pas vraiment à tort. "Si l’obligation de moyens n’est pas honorée, comment ose-t-on nous demander de remplir notre obligation de résultat ?", s’interroge Abelkébir Rgagna, comédien-metteur en scène. Bel argument, qui n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Le département de Sbihi vient d’annoncer une rallonge de 11 millions de dirhams. Et ce n’est pas tout. Le ministère de la Culture, en coordination avec celui de l’Economie et des finances, décide de promouvoir la création à travers la mise en place des résidences d’artistes. Le concept est simple : une résidence est un lieu qui accueille un ou plusieurs artistes pour que ceux-ci puissent effectuer un travail de recherche et de création, sans qu’il y ait, côté artistes évidemment, de contraintes matérielles, puisqu’ils sont totalement pris en charge. Une initiative aussi louable qu’elle favorise la créativité qui, toute proportion gardée, n’est le "fort" de nos troupes théâtrales.
Aux grands maux, les grands remèdes !
Maintenant que l’obligation de moyens a été remplie, il va falloir aux troupes de prouver qu’elles ont également, et surtout, les moyens imaginatifs. Bien loin semble le temps où l’argent des contribuables finançait ce que le grand Taïeb Saddiki appelait, du haut de son ironie décapante, ces inénarrables "OTNI" (Objets théâtraux non identifiés) ! La tendance est désormais au resserrement des critères de sélection des spectacles à subventionner. Si l’usage voulait que les subventions soient octroyées sur la seule base des projets de spectacle, par la commission nationale d’aide au théâtre, ce ne sera plus le cas. "Certaines troupes auront beau jeu de tirer des plans sur la comète, si le spectacle ne correspond pas aux engagements écrits, eh bien il n’y aura simplement pas de subvention", assure le président du Syndicat national des professionnels de théâtre, Messaoud Bouhcine. Et ce n’est pas fini. Côté "subvention à la diffusion", seuls les meilleurs spectacles auront droit à une tournée nationale et, du coup, à une participation au Festival national du théâtre professionnel, tenu annuellement à Meknès. De tout cela, il ressort que les théâtreux auront désormais la vie dure. Les passionnés du spectacle (Al Forja) vont-il finalement retrouver le chemin des salles de spectacle ? "Le temps est un galant homme", disait l’auteur de l’excellent "Mariage de Figaro", Pierre Augustin de Beaumarchais.