Sculpture. Ikram Kabbaj dénonce: des œuvres d'art jetées à la poubelle

Artiste sculpteur, Ikram Kabbaj

Artiste sculpteur, Ikram Kabbaj . DR

Le 03/06/2018 à 15h50

VidéoDes sculptures, réalisées en 2001 et en 2003 à Tanger et à Fès dans le cadre du Symposium international de la sculpture, ont été arrachées pour être jetées dans des dépôts impropres. Ikram Kabbaj, la fondatrice du symposium, en parle face à la caméra de le360.

La sculptrice marocaine Ikram Kabbaj est en colère. Dans une déclaration à le360, l’artiste dénonce la disparition d'œuvres réalisées en 2001 à Tanger et en 2003 à Fès dans le cadre du Symposium international de la sculpture.

«C’est désolant que les autorités ne soient pas conscientes de la valeur artistique de ces pièces. Au lieu d'être laissées à leur place et préservées, ces sculptures ont été jetées à la poubelle», s'insurge Ikram Kabbaj.

A qui la faute? A la ville. Interrogé par le360, le maire de Tanger, Bachir Abdellaoui, se contente de nous dire que les artistes qui ont réalisé ces sculptures ont été rémunérés, insinuant que le dossier est clos. Le maire de Tanger doit être mal informé ou déformer la réalité parce que les artistes qui ont travaillé à la réalisation de ces sculptures l'ont fait bénévolement. La mairie de Tanger ne leur a pas donné un seul dirham et ils n'ont reçu qu'un petit défraiement du ministère de la Culture pour couvrir les dépenses journalières. "Cinq œuvres sont stockées dans un dépôt appartenant à la commune", précise le maire, croyant ainsi se dédouaner. 

Si les cinq sculptures sont bel et bien à l'endroit indiqué, elles sont dans un état lamentable. L'actuel maire voudrait, en guise d'excuse, que ce soit son prédécesseur qui ait donné l'ordre de mettre ces œuvres à l'abri des regards, quitte à sérieusement les endommager.

Et ce n'est pas la première fois que ce maire s'illustre par des positions hostiles à l'art. Tout le monde se souvient de la manière dont il avait bloqué l'édification d'une sculpture devant être installée dans la ville du Détroit pour immortaliser le célèbre voyageur Ibn Battuta. Il s'en était expliqué à l'époque en déclarant: le fait d'ériger des statues «n'est pas dans notre culture».

En ce qui concerne la disparition des sculptures de la ville de Fès, Hamid Chabat, maire de la ville en 2003, est resté injoignable. Chabat s'était quant à lui illustré par une autre hérésie: dresser une réplique de la tour Eiffel à Fès.

Entre ces véritables hymnes au mauvais goût dont certains de nos élus sont capables et la guerre menée contre les créateurs et leurs oeuvres que mènent d’autres, l’art est absent de nos espaces publics. Et dans l’indifférence la plus insupportable.

Par Said Kadry
Le 03/06/2018 à 15h50