Où sont passées les figures cultes de l'art populaire ?

DR

Revue de presseQui n’a jamais dansé sur un des morceaux de Nass El Ghiwane, chanté à tue-tête un des refrains de Jil Jilala ou tapé du pied sans s’en rendre compte sur la musique des Tagada ? Qui n’a pas assisté au moins une fois aux représentations de théâtres de quartier ?

Le 13/09/2013 à 23h15

Dans son édition du week-end, Al Akhbar revient sur ces monstres sacrés de la scène artistique marocaine qui ont peu à peu disparu au fil des années. Si, pour certains, "la recherche d’un renouveau est la cause" de ces disparitions que d’autres, pour leur part, jugent "normale", la plupart accusent "le manque de moyens financiers".

L’occasion pour le quotidien d'entreprendre sur ses colonnes un voyage dans le temps. Retour à "ces années noir et blanc" au cours desquels de jeunes passionnés de musiques du quartier Hay Mohammadi de Casablanca ont choisi de faire de la musique autrement. Fini les textes romantiques posés sur des musiques aux rythmes classiques et place, désormais, à un nouveau genre artistique qui a d’ailleurs longtemps fait vibrer des générations de marocains.

Les premiers à avoir initié le mouvement étaient le groupe Nass El Ghiwane, se rappelle le journal. Sortis de l’univers du théâtre, ces artistes politiquement engagés ont marqué l’histoire du pays, créant une véritable révolution musicale et artistique au Maroc, mais également dans le monde arabe.

To be or not to be an artist

Mais les groupes musicaux ne sont pas les seuls concernés par cette "disparition", poursuit le quotidien. Le théâtre de rue, qui a également marqué le public et fait rire (… aux larmes) des milliers de spectateurs à travers le royaume en est aussi victime. Il n’est plus désormais qu’un vieux souvenir, bien que d'inoubliables répliques de son cru refassent encore parfois surface au détour d’une conversation.

Les raisons sont nombreuses pour expliquer la disparition de ces groupes mythiques. Bien qu’ils aient marqué des générations jusqu’à aujourd’hui, ces artistes d’une autre époque ont cédé leur place à un nouveau genre de création… par la force des choses. Un peu à l’image de ce que certains sociologues avaient baptisé la "Nayda" marocaine en référence à la montée en force d’une nouvelle scène artistique au début des années 2000, ces groupes parlent de leur époque. Que reste-t-il aujourd’hui, de cette "Nayda" qui, à son tour, laisse le champ libre à de nouvelles initiatives plus "contemporaines" mais continue d’accompagner la création artistique bien de chez nous?

A lire ce dossier, il est regrettable de noter qu’en dépit de l’évolution des styles et des techniques de création, la situation sociale et financière des artistes, elle, reste bien problématique. A comparer la vie des artistes d'aujourd'hui à celle des artistes des années 50, 60 et 70, force est de constater que leur situation ne s'est manifestement pas tant améliorée.

Par Sophia Akhmisse
Le 13/09/2013 à 23h15