A 79 ans, Mohamed Melehi affiche une volonté, qui n'a pas pris une seule ride, la défense des artistes marocains. En 1973, il fonde avec d'autres peintres l’Association marocaine des arts plastiques (AMAP) qu'il préside de 1976 à 1982. Il la rejoint en 2003 pour la requitter, puis la rejoindre encore et encore… «Trois ou quatre allers-retours, je ne sais plus… Au fur et à mesure que les années passent, le nombre de problèmes augmente. Plusieurs artistes ont quitté l’association pour se consacrer uniquement à leur vie professionnelle. Cela crée forcément des perturbations», confie l’artiste à Le360.
Laissant de côté pendant un long moment son militantisme, Mohamed Melehi a repris le flambeau et a pour ambition aujourd'hui d’ériger l’association comme «porte-parole des artistes pour combattre la médiocrité». Un exercice aussi ambitieux que complexe puisque, pour l’artiste, «il faut qu’il y ait une réglementation du domaine, mais aussi avant tout une éducation».
Mais Mohamed Melehi reste cependant optimiste quant à l’avenir: «L’art commence à avoir sa place dans notre société. Dès l’indépendance, le mérite était réservé aux avocats, aux médecins… Aujourd’hui, les gens commencent à comprendre qu’on peut également faire carrière dans l’art sans être traité de bon à rien», nous déclare-t-il. Pour lui, c’est la jeunesse qui a permis cette évolution: «Il a fallu qu’il y ait des jeunes et du courage pour se libérer du joug familial et traditionnel».
Mais si l’art marocain a de beaux jours devant lui, le phénomène des fausses œuvres, lui, prend de l'ampleur ces derniers temps avec des dérives inquiétantes. Et justement, l’une des ambitions de l’AMAP est de combattre la tricherie. «Plus qu’un fléau, c’est un virus qui peut nuire à la création dans le domaine artistique. D’autant plus que l’art se perçoit d’abord par le regard, on peut se faire tromper par des escrocs dans le domaine… Dans ce sens, notre association a depuis toujours, et continuera, à faire de son mieux pour combattre la circulation de faux», déclare Mohamed Melehi. Et d’ajouter: «L’art est une discipline noble qui devrait combattre toutes les tentations matérielles».
Enfin, l’autre ambition du président de l’Association marocaine des arts plastiques, est de «maintenir une certaine stabilité dans le domaine artistique, aider les artistes en herbe et permettre des activités artistiques professionnellement organisées». Et Mohamed Melehi de conclure: «Notre association a beaucoup fait pour le développement de la peinture marocaine et de l’art en général. Aujourd’hui, l’art marocain rayonne partout dans le monde».
