L'heure de la consécration va-t-elle sonner pour la romancière belge Amélie Nothomb, présente (et seule femme) dans le dernier carré de la sélection du Goncourt, le plus prestigieux des prix littéraires du monde francophone?
La réponse sera donnée lundi autour de 13H (12H GMT) au restaurant Drouant à Paris quand Didier Decoin, secrétaire général de l'académie Goncourt, donnera le nom de l'auteur qui recevra, 100 ans après Marcel Proust, le fameux prix. Dans la foulée, toujours au Drouant qui vient d'être rénové, le président du jury Renaudot, Christian Giudicelli, annoncera son lauréat.
Quatre auteurs sont en lice pour succéder à Nicolas Mathieu. Les finalistes du Goncourt sont Jean-Luc Coatalem, 60 ans, pour "La part du fils" (Stock), Jean-Paul Dubois, 69 ans, pour "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" (L'Olivier), Amélie Nothomb, 53 ans, pour "Soif" (Albin Michel) et Olivier Rolin, 72 ans, pour "Extérieur monde" (Gallimard). Comme chaque année, le magazine professionnel Livres Hebdo a interrogé 16 journalistes littéraires, dont celui de l'AFP, pour recueillir leur pronostic.
Lire aussi : Littérature. Voici les quatre finalistes du Prix Goncourt 2019
Les journalistes sont partagés. Ils sont aussi nombreux à prévoir l'attribution du prix à Amélie Nothomb qu'à Jean-Paul Dubois. Une seule journaliste a avancé le nom de Jean-Luc Coatalem, également finaliste du Renaudot. A la question, qui mériterait le Goncourt? les journalistes mettent clairement en avant Jean-Paul Dubois devant Olivier Rolin.
Si Amélie Nothomb décrochait le Goncourt ce serait un événement. Depuis une trentaine d'années, la romancière belge est une locomotive de l'édition. Chacun des ses livres est un best-seller. "Soif" où la romancière se met dans la peau de Jésus juste avant sa crucifixion s'est déjà écoulé à 146.000 exemplaires. Cinq auteurs dont la jeune primo-romancière Victoria Mas ("Le bal des folles", Albin Michel) sont en lice pour le Renaudot. On trouve aussi l'écrivain franco-djiboutien Abdourahman Ali Waberi ("Pourquoi tu danses quand tu marches?", JC Lattès).
Outre Jean-Luc Coatalem, les autres finalistes sont Emma Becker ("La maison", Flammarion) et Jean-Noël Orengo ("Les jungles rouges", Grasset). On restera prudent cependant en se souvenant que l'an dernier le jury du Renaudot où figurent notamment les iconoclastes Patrick Besson et Frédéric Beigbeder avait choisi Valérie Manteau pour "Le sillon" (Le Tripode), une romancière qui ne figurait pas dans la liste de ses finalistes.
Lire aussi : Littérature: Mahi Binebine et Abdellah Taia, les deux Marocains en lice pour le prix Renaudot 2019
Le Renaudot doit également décerner un prix dans la catégorie essai. Le jury exclusivement féminin du prix Femina se réunira mardi dans un salon du très chic Cercle de l'Union interallié, à deux pas de l'Élysée. Six auteurs dont deux femmes sont en lice pour succéder à Philippe Lançon couronné l'an dernier pour "Le lambeau" (Gallimard).
Les finalistes du Femina sont Dominique Barbéris ("Un dimanche à Ville d'Avray", Arléa), Michael Ferrier ("Scrabble", Mercure de France), Luc Lang ("La tentation", Stock), Sylvain Prudhomme ("Par les routes", Gallimard), Alexis Ragougneau ("Opus 77", Viviane Hamy) et Monica Sabolo ("Eden", Gallimard).
Le Femina doit également décerner un prix pour un roman étranger et pour un essai. Le Médicis fera connaître son choix vendredi au restaurant La Méditerranée, place de l'Odéon. Huit auteurs sont en lice pour ce prix réputé pour couronner des oeuvres aux qualités littéraires affirmées. Le jury avait ainsi récompensé l'an dernier le subversif Pierre Guyotat pour "Idiotie" (Grasset).
Les finalistes sont Santiago H. Amigorena ("Le ghetto intérieur", P.O.L), Brigitte Giraud ("Jour de courage", Flammarion), Claudie Hunzinger ("Les grands cerfs", Grasset), le jeune primo-romancier Victor Jestin ("La chaleur", Flammarion), le finaliste du Femina Luc Lang, le primo-romancier Guillaume Lavenant ("Protocole gouvernante", Rivages), Vincent Message ("Cora dans la spirale", Seuil) et Christine Montalbetti (Mon ancêtre Poisson", P.O.L). Le Médicis remettra également un prix pour un roman étranger et un prix pour un essai.