Dans un village perdu entre les montagnes, une mère a du mal à marier son unique fille qui n’arrête pas de rire. Pour obtenir l’assentiment de la mère d’un prétendant, elle l’emmène au cimetière et feint de consulter les membres de sa famille à ce sujet. Ce jeu donne lieu à des chants et à des mouvements de danse réprouvés par les autorités. Arrêtées, les deux femmes sont traduites devant le tribunal. Mais, signe du destin, une piqure d’araignée intervient au moment de la sentence et change le cours de l’histoire...Après Paris et Marseille, Les draps, pièce de théâtre de la dramaturge Amira-Géhanne Khalfallah, arrive au Maroc, "un juste retour des choses" considère l’auteure qui a entamé l’écriture de cette farce tragique à Casablanca et l’a finalisé à la célèbre Cartoucherie de Paris. L’aventure a commencé en 2013 dans le cadre du festival Dramaturgie Arabe Contemporaine, événement labellisé Marseille Provence, capitale européenne de la Culture. Après son succès à Marseille, la pièce a été reprise en juin dernier à l’Atelier de Paris de Carolyn Carlson.Les Draps est interprétée par les lauréats de la prestigieuse Ecole des acteurs de Cannes, dans une mise en scène signée Nadya Vonderheyden. La metteuse en scène a opté pour une forme théâtrale originale : les acteurs jouent parmi le public, rompant avec toute interprétation classique, faisant tomber les barrières entre la salle et les comédiens. Cette pièce est le deuxième volet d’un diptyque sur la condition de la femme, entamé par l’auteure à travers sa première pièce, Les désordres du violoncelle. "Dans ma précédente pièce, j’ai travaillé sur la thématique de l’enfermement des femmes. Dans ce nouveau texte, je reste dans le même univers mais j’explore un monde bien plus ouvert. Les femmes sortent. Elles sont libres (en apparence) et même manipulatrices (...) Sources de la vie, créatrices d’univers, conteuses... Les tisseuses ne se dévoilent qu’à travers les draps qu’elles nouent, coupent et cousent à longueur de journée. Elles y déposent leurs espoirs, leur mémoire, leurs croyances. Dans ce village peuplé de femmes, où les hommes ne sont que des ombres, les villageoises tissent des draps en même temps que leur drame. Les tissus poussent comme un monstre à l’appétit grandissant. Pour le satisfaire, il faut réaliser un sacrifice".Les Draps a été finaliste du prix théâtre d’Afrique et d’Outremer 2013. La pièce sera donnée 29 octobre à l’Institut Français de Marrakech, le 31 à la salle Bahnini à Rabat, et le 1er novembre à l’Institut Français de Casablanca, à 20h30.
Par Amine Haddadi
Le 02/11/2014 à 22h26