Vives tensions entre Amine Sbihi, ministre de la Culture, et Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées. Alors que les dissensions entre les deux hommes demeuraient jusque-là discrètes, l’un et l’autre ont laissé éclater leur ras-le-bol ces derniers jours. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est un document administratif signifiant la passation de la tutelle sur les musées au Maroc du ministère de la Culture à la Fondation nationale des musées. Cette passation des pouvoirs, sous forme de "paperasses signées par le ministre", n’a pas été du goût de Qotbi qui voulait une cérémonie, digne de ce nom, en présence des caméras de télévisions, des photographes, des journalistes, des acteurs culturels, ainsi que de ses nombreux amis pour entériner "un moment historique".
Qotbi veut tout prendre ?
L’entourage du ministre de la Culture semble excédé par la façon de faire du président de la Fondation des musées. "M. Qotbi ne veut rien laisser au ministère de la Culture. Il veut tout prendre. Même la collection de tableaux du ministère n’a pas échappé à son appétit", s’écrie une source autorisée au ministère de la Culture. Il est vrai que si la nouvelle Fondation est habilitée à mettre sous son autorité les musées qui dépendaient jusque-là du ministère de la Culture, rien ne semble lui permettre, d’un point de vue légal, de récupérer l’ensemble des tableaux appartenant à cette institution. Contacté par Le360, Mehdi Qotbi estime qu’"il n’y a aucun conflit avec le ministère de la Culture. Tout se fait selon la loi. Je récupérerais les tableaux dans le cadre de la Fondation des musées". Et de préciser que "la passation se déroule sans problèmes ».Autre facteur qui n’apaise pas les tensions entre les deux structures : nombre de fonctionnaires du ministère et travaillant dans les musées ne veulent pas changer de statut et intégrer la Fondation nationale des musées. "Ils font de la résistance à Qotbi", commente une source du ministère.
Les différends entre Sbihi et Qotbi ne datent pas d’aujourd’hui. Une source de Le360 confie que lors d’un dîner organisé par l’ambassadeur de France, en présence de Sbihi, de Qotbi et d’experts en muséologie invités au Maroc, le ministre de la Culture a parlé très longtemps du musée archéologique de Volubilis qu’il nommait à chaque fois "centre d'interprétation de Volubilis". Interloqué par cette appellation, l’un des invités lui a posé naïvement cette question qui était sur toutes les langues : "Pourquoi M. le ministre donnez-vous le nom de centre d’interprétation à une structure qui est en fait un musée?" "Mais pour que Qotbi ne me la vole pas !", répond du tac au tac le ministre de la Culture.