Le monstre sacré de la musique cubaine Eliades Ochoa a fêté ses 77 ans, et mis le feu, à Essaouira

Le monstre sacré Eliades ochoa fête son anniversaire à Essaouira

Le 24/06/2023 à 09h36

VidéoLe monstre sacré de la musique traditionnelle cubaine, Eliades Ochoa a célébré ses 77 ans à Essaouira, la veille de son concert qu’il a tenu, hier vendredi 23 juin sur la scène Moulay El Hassan dans le cadre du festival Gnaoua musiques du monde. Rencontre.

Du haut de ses 77 ans, Eliades Ochoa n’a rien perdu de sa superbe. La prestation de ce monstre sacré de la musique cubaine, l’un des membres du célèbre projet musical Buena Vista Social Club à la réputation mondiale n’a pas pris une ride. Et son concert hier, vendredi 23 juin sur la scène Moulay Hassan dans le cadre du festival Gnaoua musiques du monde d’Essaouira en était la preuve vivante. Eliades Ochoa, a interprété le lendemain de son anniversaire, les plus grands classiques de la musique traditionnelle cubaine «El Son» et a fait valser tout le public présent, y compris celui éprouvé par la fatigue du voyage et par le programme hyper condensé de cette édition 2023.

Dans cet entretien accordé à Le360, l’artiste qui vient de diffuser il y a un jour une nouvelle chanson «Pajarito Volo» s’est dit très ravi d’être à Essaouira et d’en savoir un peu plus sur la musique Gnaoua. Eliades Ochoa a également révélé que la seule chose qu’il a toujours appréhendé, mais qui ne s’est jamais produite, c’est que lors d’un de ses concerts, le public n’apprécie pas sa prestation.


Avez-vous entendu parler de la musique Gnaoua avant votre arrivée ici à Essaouira?

Depuis que je suis arrivé, on a beaucoup entendu parler de la musique Gnaoua, je suis très attiré et ravi d’être ici et d’apprendre aussi sur cette musique. Et honnêtement je dois avouer que je ne connaissais pas réellement.

Vous avez une carrière forte de plus de 40 ans. Quelles sont les principales difficultés que vous avez dû affronter?

Bien sûr qu’il y a des difficultés dans ma carrière mais pas seulement. Dans ma vie aussi j’ai été confronté comme tout le monde à plusieurs problèmes... Mais grâce à Dieu je dois dire que j’ai eu beaucoup de chance.

Je ne peux pas raconter des difficultés que je n’ai pas pu solutionner moi-même. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a une chose dont j’ai toujours eu peur. J’ai toujours appréhendé le jour où pendant un de mes concerts, le public n’aime pas ma musique. Mais grâce à Dieu ce n’est jamais arrivé, en tout cas pas à ma connaissance.

La musique traditionnelle cubaine dont vous êtes un fervent défenseur jongle entre la souffrance et la joie avec une volonté sous-jacente de guérison, un peu comme la musique Gnaoua...

La musique c’est comme la vie. Il y a des moments de souffrance, il y a des moments de joie. Les Boléros de la musique cubaine évoque la souffrance et le Guaracha el son parle de la joie. C’est un miroir de la vie.

Vous avez fait partie de la célèbre formation musicale Buena Vista Social Club avec Compay Segundo...Quels souvenirs gardez vous de cette ère et de son aura?

J’ai de très bons souvenirs de ce projet de Buena Vista Social Club. Je peux dire qu’il y a eu un moment où je me suis senti tellement fier que je pensais être l’ambassadeur de la musique cubaine dans le monde entier.

Il faut être juste. Lorsque l’on parle de la musique traditionnelle cubaine, Il faudra reconnaître que ce projet a ouvert la porte au monde entier à cette musique qui dans plusieurs endroits était complètement inconnue.

Comme partout dans le monde, la musique traditionnelle a cédé à la tentation d’être modernisée. Que pensez-vous des évolutions de la musique cubaine?

C’est évident qu’il y a une évolution, il faut le reconnaitre. Mais je pense que ce ne sera jamais un problème. La musique «Son de Cuba» est très forte avec tous ses styles. Jamais elle ne pourra disparaître. Mais ceci dit, il faut faire attention bien sûr, il faut prendre soin de ses traditions, mais je ne vois pas de problème. C’est normal qu’il y ait d’autres styles comme le Reggaetone, la Salsa, pour les personnes qui aiment d’autres styles. Mais cette musique traditionnelle cubaine est un trésor et jamais elle ne pourra disparaître même si elle est faite d’une autre manière.

Par Qods Chabâa et Abderrahim Ettahiry
Le 24/06/2023 à 09h36