Elle était l’Anglaise préférée des Français, une icône de mode et une voix teintée d’un délicieux accent. Jane Birkin est morte à l’âge de 76 ans, retrouvée sans vie dimanche par une aide-soignante à son domicile à Paris, après avoir marqué de son empreinte la chanson et le cinéma.
«Parce qu’elle incarnait la liberté, qu’elle chantait les plus beaux mots de notre langue, Jane Birkin était une icône française», a écrit sur Twitter le président Emmanuel Macron.
Cette Londonienne d’origine, naturalisée française, dont le nom est indissociable de celui de Serge Gainsbourg, avait récemment fait part de problèmes de santé qui l’avaient obligée à annuler des concerts. Elle était apparue affaiblie en février lors de la cérémonie des César, les récompenses du cinéma français, aux côtés de sa fille, l’actrice et chanteuse Charlotte Gainsbourg, et de sa petite-fille Alice.
Jane Birkina connu un succès mondial avec des chansons comme «Je t’aime... moi non plus», duo avec Gainsbourg en 1969 au parfum de scandale, «Jane B» la même année ou «Ex-fan des sixties» en 1978. Le public l’appréciait pour sa sensibilité, soulignée par le délicat accent britannique qu’elle a conservé toute savie.
«Il y a des célébrités dont on se dit “oh, elles ne seront probablement pas avec nous très longtemps”. J’espérais que Jane Birkin serait toujours là», a confié à l’AFP Jenny Hunt, brodeuse devant la maison rue de Verneuil où Jane Birkin a vécu avec Gainsbourg.
«Éternelle dans nos cœurs»
«Inimaginable de vivre dans un monde sans ta lumière», a écrit sur Instagram le chanteur Étienne Daho, qui a co-composé son dernier album, «Oh, pardon tu dormais...» (2020). Sheila, Patrick Bruel, Benjamin Biolay, Clara Luciani, Juliette Armanet ont eux aussi salué sa mémoire.
«Quand on est aussi jolie, aussi fraîche, aussi spontanée, avec une voix d’enfant, on n’a pas le droit de mourir», a dit l’actrice Brigitte Bardot dans une déclaration transmise à l’AFP, saluant une artiste «éternelle dans nos cœurs». «Je suis très affectée», a déclaré sur RTL Françoise Hardy, qui «pense à ses filles et à sa famille qui étaient tout pour elle».
Le milieu de la mode saluait aussi dimanche la mémoire de celle qui a donné son nom à un sac de la marque Hermès. «Nous perdons une amie chère (...) une artiste à part entière, engagée, ouverte et curieuse», a écrit le groupe dans un communiqué. Le créateur de Balmain, Olivier Rousteing, a évoqué la disparition d’une «icône», dont le style alternant entre bohème-chic et tenues sexy était une source d’inspiration.
Au cinéma, Jane Birkin a été vue dans «Blow up» d’Antonioni, Palme d’or 1967, puis dans « LaPiscine» avec Romy Schneider et Alain Delon en 1969, avant de s’affirmer avec des réalisateurs comme Agnès Varda, Michel Deville, Bertrand Tavernier.
La relation avec Gainsbourg, qu’elle a connu sur un plateau de tournage en 1968, a été déterminante. Et a fait du couple un duo mythique du Paris des seventies, mêlant passion, glamour et scandales. Lasse de ses excès, elle fuit leur appartement en 1981 avec ses filles Kate (née de son mariage avec John Barry) et Charlotte, et refait sa vie avec le cinéaste Jacques Doillon. Leur fille Lou Doillon a été vue dimanche après-midi se rendant dans l’appartement où est décédée la star.
Femme engagée
Longtemps après le décès de Gainsbourg en 1991, et en dépit d’épreuves dont la mort brutale de sa fille Kate Barry, en 2013, puis une leucémie longue à guérir, elle a toujours chanté l’œuvre de Serge.
Jane Birkin était officier de l’Ordre de l’Empire britannique et, en France, commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Mais elle a refusé la Légion d’honneur en 1989, estimant que «seuls des héros» devaient la recevoir, comme son père, David, officier de la Royal Navy qui avait transporté des résistants de Grande-Bretagne vers la France pendant la Seconde Guerre mondiale.
«Aujourd’hui, nous perdons une icône totale dont l’accent pouvait aussi bien nous murmurer les hymnes d’une époque que défendre ses engagements sur la scène internationale: la solidarité, l’accueil des migrants, la lutte contre l’extrême-droite, la liberté», a salué la ministre française de la Culture Rima Abdul Malak.