Organisée par la Direction des Archives Royales en collaboration avec l’Ordre de la Libération, cette manifestation invite à redécouvrir 13 siècles de l’histoire du royaume depuis la création de l’Etat marocain à nos jours. L'occasion pour les visiteurs de comprendre l’ancienneté de l’Etat marocain, ses particularités culturelles, à savoir l’adoption d’un Islam modéré basé sur des fondements doctrinaux, tels que le rite malékite, la doctrine achaârite et le soufisme sunnite, proposant ainsi un voyage temporel et spatial, apprend-on auprès des organisateurs.
Guidée par un fil conducteur historique et chronologique, l’exposition, initiée avec le soutien de l'ambassade du Maroc en France, porte des éclairages sur les espaces de pouvoir notamment à travers des cartes et des objets hautement symboliques de la souveraineté (livres sacrés, bannières, pièces de monnaie…).
La lecture des périodes marquantes de cette grande et riche histoire valorise les relations séculaires entre le Maroc et la France, jalonnées par des échanges permanents, ajoute-t-on de même source, précisant qu'elle retrace la qualité de ces échanges, perceptibles dans les conventions et les correspondances échangées entre les deux pays et permet de voir les débuts des relations maroco-françaises, leur continuité, leur diversité et illustre leur dimension exceptionnelle.
Art du dialogue
A travers un florilège de documents variés, l'exposition invite à apprécier une diplomatie conçue comme un art du dialogue de même qu'elle rappelle la participation des Marocains aux deux conflits mondiaux aux côtés de la France, en valorisant la conviction du Maroc dans tous les idéaux qui défendent les valeurs humaines et le font apparaître en tant que porteur de valeurs universelles de paix, de fraternité et de tolérance.
Les photographies et les documents historiques accompagnés par la symbolique militaire (insignes et fanions) constituent un jalon essentiel d’une histoire partagée et d’une fraternité d’armes. Aussi, en reconnaissance des efforts déployés par les combattants marocains au cours de la Deuxième Guerre mondiale en tant qu’artisans de la Victoire, et en tenant compte des sacrifices consentis par le Maroc, et de son soutien permanent et sans faille à la France durant cette épreuve, le Général De Gaulle tenait à associer le Sultan Sidi Mohammed Ben Youssef à la grande prise d’armes parisienne du 18 juin 1945 et faisait de lui un Compagnon de la Libération, rappelle la même source.
L’exposition permet de vivre cet instant fort et cette rencontre attendue, pleine d’émotion mettant face à face deux personnalités éminentes qui toutes deux, aux heures les plus tragiques, avaient donné la preuve de leur foi en la France. Des objets de grande valeur (Collier de l’Ordre du Ouissam ElMohammadi, diverses décorations, diplômes et croix de la Libération…) illustrent cette reconnaissance de la France envers les Marocains pour leur contribution à la victoire.
Figures historiques
Ils complètent parfaitement l’ensemble des collections permanentes présentées au Musée de l’Ordre de la Libération et écrivent ensemble une page de l’histoire de deux grandes figures historiques que sont le Général De Gaulle et le roi Mohammed V, le seul chef d’Etat arabe, africain et musulman, Compagnon de la Libération.
Par ailleurs, l’exposition nous mène de la Libération à la Liberté et nous invite à parcourir les péripéties de l’Indépendance du Maroc, en passant par la Conférence d’Anfa en 1943, la présentation du Manifeste de l’Indépendance en 1944, le discours de Tanger en 1947, avec un arrêt sur l’ère des ruptures à partir de 1953, année qui vit l’inqualifiable déposition du Souverain et de son exil.
Des documents et objets illustrant les liens indéfectibles entre le Sultan et son peuple, nous faire vivre le parcours vers l’indépendance et fait ressortir les spécificités de la Révolution du Roi et du peuple. Ce parcours s’achève sur les pourparlers de la Celle Saint-Cloud en 1955 et le retour triomphal du roi Mohammed V au Maroc.
En même temps que se lève l’aube de l’indépendance du Maroc, une nouvelle étape de la modernité s’ouvre. Plusieurs objets et documents historiques, photographiques et iconographiques témoignent des réalisations de cette époque, à savoir la mise en place des institutions nationales, l’éclair de génie que fut la Marche Verte, la restauration de l’intégrité territoriale et le sens omniprésent de la préservation de l’environnement attesté par la construction des barrages.
La collection royale marocaine (uniforme, drapeau, bannière, parasol et plusieurs objets d’art populaire) quitte pour la première fois les réserves royales pour rejoindre, pour quelque temps, l’écrin du musée de l’Ordre de la Libération en vue de nous montrer ces quelques aspects du Maroc indépendant permettant d’appréhender différemment la compréhension de l’actualité, souligne-t-on de même source.
Nouvelle étape
Cette nouvelle étape est arrivée récemment à son apogée à partir de 1999, avec plusieurs projets visant à structurer le Maroc moderne illustrés par de grandes réalisations qui veulent faire de ce pays un espace écologique où développement économique et protection de l’environnement se conjuguent parfaitement.
A l’époque actuelle, le Maroc est un chantier à ciel ouvert: ports, aéroports, autoroutes, infrastructures ferroviaires, grands projets urbains, etc., par lesquels le royaume s’engage dans une politique aspirant à une croissance économique durable et favorisant l’épanouissement de la société marocaine.
Ainsi, les maquettes exposées dans cet axe nous donnent une idée sur le Maroc moderne à travers le développement économique et durable illustré par le Port Tanger Med, qui renforce le rôle du pays dans les échanges maritimes mondiaux et le repositionne notamment dans sa place historique en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe et le plan Maroc Vert, lancé en avril 2008 qui est une stratégie inclusive socialement intégrée et inscrite dans la durée et qui constitue un projet de développement protégeant à la fois l’environnement et promouvant l’économie.
Jonction entre l’Afrique et l’Europe
Il s'agit aussi de la Technopole Foum El Oued Laâyoune, pilotée par la Fondation Phosboucra-OCP, du projet urbain du Bouregreg et de la lagune de Marchica, qui sont des plans d’aménagement durable du territoire ; du Projet Nour Ouarzazate développé par MASEN, qui prend en considération les changements climatiques et promet de grandes productions énergétiques renouvelables et des infrastructures illustrées par le Pont Mohammed VI, la gare de Rabat-Agdal et la carte des infrastructures routières du rRoyaume qui visent à désenclaver les régions rurales, accroître le potentiel des régions et assurer la jonction entre l’Afrique et l’Europe.
L'exposition met également en avant le développement culturel en tant que levier économique et social, dont la philosophie globale vise la démocratisation du savoir, le partage des connaissances, l’encouragement de la productivité artistique et l’ouverture sur l’autre.
Elle explique enfin comment le roi Mohammed VI, pour son projet de modernité, place l’humain au cœur de ses préoccupations. C’est ainsi que les actions de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité et l’Initiative Nationale pour le Développement Humain viennent appuyer les autres projets au profit de la société.
L’exposition s’achève sur l’appel historique du Souverain à toutes les croyances et à toutes les formes de pensée à former un front commun pour tenir le fanatisme en échec.
A noter que cette exposition, qui coïncide avec la commémoration du 60e anniversaire de l’indépendance du Maroc et l’accueil de la 22e conférence (COP22) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, s'inscrit dans le cadre de la coopération franco-marocaine et à la suite de l’exposition sur "Le Maroc médiéval, un Empire de l’Afrique à l’Espagne".