Cinéma: moins de stars et plus de scandale à la Mostra de Venise

L'affiche officielle de la 80ème Mostra de Venise, qui s'ouvre le mercredi 30 août 2023.

Privée de vedettes hollywoodiennes en raison de la grève des acteurs, la 80ème Mostra de Venise, qui ouvre le mercredi 30 août, risque de prêter le flanc à la critique après avoir sélectionné des cinéastes polémiques, visés par des accusations d’agression sexuelle, comme Roman Polanski, Woody Allen et Luc Besson.

Le 27/08/2023 à 07h37

Le doyen des festivals de cinéma, prisé de Hollywood qui en a fait une rampe de lancement pour ses films avant la saison des prix, est le premier grand rendez-vous du 7ème art à faire les frais de la grève historique qui paralyse le cinéma américain.

Depuis deux mois, les acteurs ont rejoint les scénaristes dans leur mouvement social, demandant une meilleure rémunération et un encadrement de l’usage de l’intelligence artificielle. Leur puissant syndicat, le SAG-AFTRA, interdit à tous ses membres de tourner pendant la grève, mais aussi de participer à la promotion des films. Sauf surprise, le tapis rouge vénitien ne devrait pas accueillir les stars des productions américaines sélectionnées, comme Jessica Chastain, Bradley Cooper ou Michael Fassbender.

La Mostra a aussi dû faire une croix sur son film d’ouverture, «Challengers» de Luca Guadagnino, avec Zendaya, remplacé par une production italienne moins glamour. En revanche, «Ferrari», de Michael Mann, sera l’un des évènements de la compétition. Le biopic du fondateur de la marque de bolides, Enzo Ferrari, bénéficie d’une dérogation accordée par le syndicat, permettant à ses acteurs, Adam Driver et Penelope Cruz, de participer.

Polanski, Allen, Besson…

Egalement en lice pour le Lion d’Or, David Fincher («Fight Club», «The Social Network») ou Sofia Coppola («Virgin suicides», «Lost in Translation»). La projection hors compétition du dernier film de William Friedkin sera forcément un moment d’émotion, un mois après le décès du réalisateur culte de «L’Exorciste», mais cette sélection se distingue surtout par le retour à l’écran de cinéastes mis en cause dans des affaires d’agressions sexuelles, qu’ils contestent.

Parmi eux, Roman Polanski, 90 ans, vit en Europe à l’abri de la justice américaine qu’il fuit depuis plus de 40 ans après une condamnation pour viol sur une mineure. Persona non grata à Hollywood, Il est désormais considéré par une large partie de la profession comme l’un des symboles d’une certaine impunité en ce qui concerne les violences sexuelles.

La Mostra le remet en lumière, grâce à la sélection hors compétition de «The Palace», , mais Polanski n’a toutefois pas prévu de venir à Venise, ont indiqué son attachée de presse et les organisateurs du Festival à l’AFP.

Loin de la parité

Woody Allen, 87 ans, a vu la quasi-totalité du secteur lui tourner le dos après des accusations d’agression sexuelle de sa fille adoptive, qu’il nie et pour lesquelles aucune des enquêtes menées n’a abouti. Il présentera son 50ème film, «Coup de chance», tourné à Paris en français.

La Mostra, dont le jury est présidé par le réalisateur Damien Chazelle («La La Land»), verra également le retour en compétition de Luc Besson, avec «Dogman». Le réalisateur de «Léon» et «Le Cinquième élément» a vu son horizon judiciaire se dégager fin juin, la Cour de cassation écartant définitivement les accusations de viol portées à son encontre par l’actrice Sand Van Roy.

Alors que les questions de lutte contre les discriminations et les violences sexuelles semblaient progresser ces dernières années dans le milieu du cinéma, dans le sillage du mouvement #MeToo, ces choix symboliques du festival ont suscité la colère des associations féministes, qui dénoncent la «visibilité considérable» offerte à ces hommes. Et côté parité, le bilan n’est pas plus brillant: la sélection compte cinq femmes cinéastes pour 19 hommes en lice pour le Lion d’Or, qui sera décerné le 9 septembre.

Par Le360 (avec AFP)
Le 27/08/2023 à 07h37