Le réalisateur canadien Norman Jewison est «décédé paisiblement samedi», selon un communiqué de son agent, qui indique que des cérémonies en son honneur auront lieu «ultérieurement à Los Angeles et à Toronto». Après des débuts à la télévision canadienne, Norman Jewison s’est imposé au cours de sa carrière comme l’un des cinéastes les plus éclectiques d’Hollywood, nominé à trois reprises pour l’Oscar du meilleur réalisateur.
Entre la satire politique pour «Les Russes arrivent» (1966), le film de braquage avec «L’Affaire Thomas Crown» (1968), ou la comédie musicale avec «Un Violon sur le toit» (1971), son oeuvre s’aventure dans des genres très divers. Mais aux États-Unis, son héritage reste surtout celui d’un cinéaste intéressé par la question sociale, grâce notamment à la marque laissée par «Dans la chaleur de la nuit», auréolé de cinq Oscars en 1967, dont celui du meilleur film.
Sous les atours d’un simple film policier, le cinéaste y aborde les tensions raciales américaines, en mettant en scène un policier noir (incarné par Sidney Poitier) qui mène l’enquête pour se disculper d’une accusation de meurtre dans le Mississippi, État où le racisme est très présent.
Au cours de sa longue carrière, Norman Jewison a dirigé les plus grands noms d’Hollywood, dont Paul Newman, Sylvester Stallone, Al Pacino, ou encore Denzel Washington. Ses films ont récolté 46 nominations aux Oscars au total et ont été récompensés 12 fois. De quoi notamment permettre à la chanteuse pop Cher de remporter l’Oscar de la meilleure actrice dans «Éclair de Lune» (1987).
Né à Toronto en 1926, Norman Jewison est élevé par des parents protestants qui tiennent un commerce en-dessous de leur appartement. Mais à cause de son nom, le jeune homme est harcelé à l’école par ses camarades qui le croient juif, selon le New York Times.
Il exprime très tôt un intérêt pour le cinéma et le théâtre, et, après avoir gagné ses premiers deniers comme chauffeur de taxi, trouve un emploi à la télévision canadienne CBC dans les années 50. Il y passera sept ans avant de s’aventurer dans l’univers de la télévision américaine, puis du cinéma. Son premier film en tant que réalisateur à Hollywood, «Des ennuis à la pelle», remonte à 1962.
Compagnon de l’Ordre du Canada, la plus haute distinction de son pays d’origine, le cinéaste laisse derrière lui trois enfants et cinq petits-enfants.