"C’est pas vrai !" C’est en ces termes que Noureddine Saïl a réagi à la nomination de son successeur Sarim Fassi-Fihri à la tête du Centre cinématographique marocain (CCM), révèle Annass, dans son édition week-end. "Saïl vaquait à ses occupations professionnelles le plus normalement du monde quand un fonctionnaire du CCM l’appelle pour l’informer de la nouvelle de son remplacement par le producteur Sarim Fassi-Fihri", relate le quotidien. "Pris par la surprise, perceptible à travers les traits de son visage, Saïl décroche rapidement son téléphone et entre en contact avec de hauts responsables pour vérifier la nouvelle de son éviction au profit de Sarim Fassi-Fihri", raconte le même quotidien. Après s’être assuré de la véracité de la désignation de Fassi Fihri, adoptée et annoncée le 2 octobre en conseil de gouvernement, Saïl a très vite remis les clefs de son bureau et de sa voiture de service, une BMW, à sa secrétaire à qui il a fait ses adieux, ainsi qu’à l’ensemble du personnel du CCM". "Une autre voiture avait été mise à sa disposition à la porte du CCM", qu’il a quitté après 10 ans d’indéniables loyaux services rendus au cinéma marocain. Saïl a bien pu faire la différence depuis ce mémorable début septembre 2003, qui marqua son départ de 2M et sa nomination à la tête du CCM. Très vite, il a réussi à booster ce chantier vital en assurant la production de pas moins de vingt films par an, sans oublier son rôle majeur dans l’attraction des plus grandes productions internationales. Cela dit, fallait-il pour autant une réaction aussi «épidermique» de la part de Saïl ? Nul n’est propriétaire de sa fonction, à plus forte raison quand il s’agit d’un poste à responsabilités public. Et puis, d’autres chantiers non moins vitaux attendraient notre "Monsieur cinéma".
Saïl : "Je suis l’homme des missions difficiles" !
"Dès que j’achève une mission qui m’a été confiée, une autre encore bien plus difficile m’appelle. Je suis un commis d’Etat et l’homme des missions difficiles", avait confié Saïl à Annass, dans une précédente interview. Toujours selon Annass, le DG sortant du CCM se préparerait à "lancer un immense chantier cinématographique avec l’appui de personnalités influentes". Il en ressort que la sortie très honorable de Saïl n’est pas un départ à la retraite. Du haut de ses 66 ans, cet homme de grande culture garde une énergie à toute épreuve et une passion inoxydable pour le 7ème art qu’il peut toujours mettre au service du FIFM (Festival international du film de Marrakech), du Festival du film africain de Khouribga pour ne pas parler d’autres grands rendez-vous cinéphiliques en Afrique (comme le FESPACO, Ougadougou), sans compter ce bien riche réseau d’amitiés que Saïl compte en Europe.
Sarim Fassi Fihri face aux appels au boycott
Nul doute que le départ de Saïl laissera, du moins sur le court terme, un vide difficile à compenser. Une cinéphilie hors-pairs datant des années 70 (l’un des fondateurs de l’expérience des cinéclubs), un réseau d’amitiés qu’il a bien su tisser à travers le royaume et bien au-delà et une stature d’intellectuel assumé. Autant de qualités qui ne courent pas les rues et qui vont forcément manquer aux cinéphiles qui commencent déjà à le faire savoir. "Des figures cinématographiques boycottent le Festival du court-métrage méditerranéen de Tanger", titre Al Akhbar, dans sa livraison weekend. "Ouverture peu enthousiaste, organisation faible, absence quasi-totale des figures de proue du cinéma marocain et, au bout de l’improvisation, une allocution inaugurale cafouilleuse donnée par le nouveau patron du CCM, Sarim Fassi Fihri". En gros, le cœur n’y était pas. Et pour cause. Saïl a pour une fois manqué au rendez-vous. Espérons qu’il ne le fera pas longtemps.