La Compagnie marocaine des Oeuvres et Objets d'Arts, première maison de ventes aux enchères au Maroc, organise, jeudi 22 décembre 2016 à 18h, dans ses locaux du quartier Bourgogne, une vente doublement exceptionnelle à l'occasion de ses quinze ans d'existence.
Véritable événement, cette 55e vente aux enchères présente en effet deux lots artistiques d'importance. L'un est constitué d'œuvres d’artistes européens ayant éprouvé une véritable fascination pour le Maroc, dans les années 40 et 50. C'est le cas de Jacques Majorelle (1886-1962) et d'Edouard Edy-Legrand (1892-1970), deux peintres orientalistes français dont on connaît la valeur. Et dont les œuvres s'avèrent particulièrement rares sur le marché de l'art.
L'autre lot rassemble les créations d'artistes marocains que l'on qualifie de "pionniers" dans la mesure où ils ont façonné l’histoire de l’art du pays, des débuts de l’indépendance jusqu'à la fin des années 60, rejoignant par là même la dynamique artistique mondiale. La vente met donc en avant une époque charnière, particulièrement riche et émouvante de la création picturale marocaine.
Du côté des orientalistes français, deux tableaux attirent particulièrement l'attention. L’abreuvoir d’Anemiter (1941) qui donne à voir toute la maîtrise graphique de Majorelle et dans lequel ses recherches sur la lumière atteignent une perfection quasi photographique. Et Ahouach d’Edouard Edy-Legrand qui nous plonge dans la grande école expressionniste du XXème siècle.
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D’autres travaux de Jacques Majorelle en Afrique témoigneront de la capacité de cet artiste à s’immerger dans les contrées qu’il a visitées, toute et prouvant ses grandes qualités d’observation et de transcription des cultures.
Les artistes nationaux sont quant à eux fidèlement représentés par leurs recherches emblématiques, via notamment les oeuvres de Ahmed Ben Driss Yacoubi, Jilali Gharbaoui, Mohamed Melehi, Mohamed Romain Ataallah, Mohamed Hamidi, Abdelkrim Ghattas, Farid Belkahia et Mohammed Kacimi.
Ahmed Ben Driss Yacoubi est représenté par son chef-d’oeuvre "Portrait of Lady Blue", assurément une de ses plus importantes recherches, qui figure dans de nombreux ouvrages de référence. "Il a fallu près de cinq années à la CMOOA pour convaincre son propriétaire de la vendre", précise-t-on dans un communiqué.
Jilali Gharbaoui (1930-1971) qui occupe une place fondamentale dans l’histoire des arts plastiques au Maroc, figure au programme de la vente avec deux gouaches sur carton datées de 1955 et 1965, et qui expriment toute sa gestualité abstraite. On découvrira également deux céramiques "inédites" qu'il a réalisées au Couvent de Tioumliline entre 1963 et 1965. Créations qui prouvent, s'il en était besoin, la capacité de cet artiste particulièrement en avance sur son époque, à s'extraire des codes et des catégories pour explorer de nouveaux territoires artistiques.
Un hommage tout particulier est rendu à l’autre grand précurseur de la peinture moderne marocaine, Ahmed Cherkaoui. Une oeuvre très rare datée de 1962 sera dévoilée pour la première fois au public. Provenant de la collection de l’un de ses premiers amateurs et admirateurs, elle s'impose véritablement comme une oeuvre majeure, marquant la transition entre sa période dite de «Varsovie» et ses recherches sur le signe.
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Il sera également proposé un très rare ensemble de travaux de Mohamed Melehi (né en 1936) et de Farid Belkahia (1934-2014) qui ont tous deux joué un rôle majeur dans l’histoire de l’art marocain et notamment dans la constitution de l’école de Casablanca.
Plage de pauvreté en attente de la lumière (1958) et Composition (1968) de Mohamed Melehi montrent à quel point cet artiste égalait les avant-gardistes mondiaux de l’époque.
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Personnage (1962) de Farid Belkahia, daté de sa période de Prague, constitue aux yeux des historiens et des grands collectionneurs une grande révélation. Cette oeuvre est à rapprocher de ses grands chefs-d’oeuvre, à savoir La Chinoise (1960) et Cuba, si qui dévoile tout l’engagement politique de l’artiste.
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Cette vente met aussi en exergue le génie de Mohammed Kacimi (1942-2003) et l’évolution de ses recherches, de sa première exposition à Meknès en 1968 jusqu’à la veille de son décès le 27 octobre 2003. Une de ses oeuvres magistrales de la période des Atlassides et datée de 1992, exprime toute la puissance de sa création, lui qui était nommé l’Infigurable.
La vente donnera également à voir une des recherches les plus intenses de l’artiste Fouad Bellamine datée de 1992. Y seront aussi présentées des oeuvres d’artistes singuliers. On y verra ainsi deux oeuvres de Ahmed Louardiri, connu pour son univers fantastique, dont celle intitulée Moussem datée de 1964; deux aquarelles sur cartons signées par Mohamed Ben Allal et plusieurs oeuvres de l'emblématique Chaïbia, dont l'art brut fut rapproché du mouvement Cobra.
Enfin, la CMOOA présentera lors de cette vente événement, des œuvres de Miloud Labied, Saâd Ben Cheffaj, Hassan El Glaoui, ainsi que de Mahi Binebine, Bachir Demnati, Mohamed Ben Ali Rbati, Moulay Ahmed Drissi… et bien d'autres.