Ni Fleury-Mérogis ni benne à ordures...

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ChroniqueJe ne le répèterai jamais assez: dur, dur, le boulot de billettiste satirique. Comme je le dis souvent, notre métier c'est un peu comme le métier de clown: quoi qu'il arrive et même quoi qu'il lui arrive, il doit coûte que coûte faire rire.

Le 01/11/2016 à 12h02

Certes, je ne suis pas un clown parce que je n'en ai pas le talent ni les aptitudes, pourtant, je suis censé vous faire marrer, non pas par des grimaces ou une gestuelle de circonstance, mais à travers des vannes sur l'actualité dans notre pays ou ailleurs. Or l'actualité aussi bien locale qu'à l'étranger est très loin d'être gaie.

Si je vous disais de quoi je comptais vous parler cette semaine, vous n'allez pas me croire. J'allais tout simplement vous raconter le superbe voyage que j'ai fait, dans la fantastique ville où j'ai été invité, pour la magnifique manifestation artistique qui s'y est passée, les gens que j'y ai rencontrés, et surtout, surtout, l'évènement personnel exceptionnel que j'y ai fêté.

Pour une fois que j'allais frimer, et croyez-moi, j'avais bien de quoi, je ne l'ai pas fait. A un moment, j'avais pensé blaguer un peu sur la COP22, sans, bien sûr, dévaloriser cet immense cadeau qui nous est tombé du ciel, en attendant la pluie qui, elle, tarde à le faire.

D'ailleurs, les Marocains sont nombreux à espérer que, justement, juste après ce sommet international, et pendant ça serait encore mieux, le ciel va nous arroser de ses bienfaits.

J'envisageais aussi de me marrer un chouia des déboires de dernière minute de la candidate Hilary Clinton, mais sans toutefois donner l'occasion à Trump, son ridicule adversaire, d'en profiter pour remonter dans les sondages sur le dos de ma dérision.

Malheureusement, je ne vous dirai rien de tout cela, d'abord, parce que le moment n'est pas du tout approprié, et ensuite, parce que tout ce qui vient de se passer m'a vraiment sapé le moral.

Rassurez-vous, je ne commenterai ni l'affaire de Paris ni celle d'Al Hoceima. Tout le monde en a parlé et tout le monde continuera, hélas, d'en parler. Et quand je dis tout le monde, je ne parle pas qu'au Maroc, mais, hélas, dans le monde entier.

Franchement, j'aurais bien voulu qu'on parle de nous pour des trucs un peu plus sympas et un peu plus valorisants mais, c'est notre destin. Après tout, nous devons nous estimer heureux, ne serait-ce que parce que chez nous, il n'y a eu, par exemple, ni tremblement de terre ni passage de typhon.

C'est vrai, c'est une consolation comme une autre, mais c'est tout ce que j'ai trouvé pour l'instant. Je suis démoralisé, vous dis-je. Oui, je sais, je ne suis pas le seul. Entre tous ceux et surtout toutes celles qui sont corps et âme avec la superstar quoi qu'il ait fait de délictuel – ou, bien entendu, pas fait – et les rares personnes qui estiment qu'en tout cas, il devra répondre à la justice de ce qu'il a fait – ou, bien sûr, de ce qu'il n'a pas fait - et ceux et celles, très nombreux et très nombreuses, qui dénoncent à juste titre le drame qui a frappé de plein fouet le pauvre poissonnier, il n'y a pratiquement personne qui n'ait pas un avis plus ou moins tranché sur ces deux faits divers qui sont, pour le moins qu'on puisse dire, d'une extrême gravité.

Quant à moi, comme je vous ai promis de taire mon avis là-dessus, du moins cette semaine, vous n'en saurez rien, mais sachez bien que je n'en pense pas moins. D'ailleurs, je préfère continuer de faire confiance au droit et laisser les juges faire leur travail.

Entre nous, j'ai toujours eu horreur des jugements hâtifs, y compris, et surtout, de ceux émanant de la foule. J'ai failli dire «du peuple», car, hélas, le peuple est souvent le premier mauvais juge des affaires louches ou bien confuses.

Je n'ai pas peur de le dire car, moi, contrairement à certains, je ne crains pas de critiquer le peuple. Je ne me suis pas présenté aux élections, moi, et je n'ai pas été élu par le peuple, moi!

Cela dit, certes, je suis un démocrate, et donc je ne dois pas remettre en cause le scrutin, mais, quand je vois les résultats, je me dis, tant pis. Le peuple n'a que ce qu'il mérite. Vous allez voir: il va bien rigoler, le peuple. Moi, je n'ai rien à perdre et donc rien à gagner.

Il n'y a que ma femme, mes très proches et certains potes qui m'aiment bien, qui croient toujours que si je la fermais un moment et que je la ramenais moins, je pourrais encore avoir quelques chances d'obtenir... quelque chose.

Mais, moi, je ne veux rien, et de plus, je sais, depuis longtemps déjà, que je n'aurai rien. Alors, tant qu'à faire, je vais continuer de m'amuser sur le compte de tous les gens qui se moquent de nous, et donc, de moi aussi.

Bon, cette semaine, je n'ai pas tellement envie de me marrer, mais, ce n'est que partie remise. Au fait, j'ai hâte de connaître la nouvelle sélection gouvernementale. Mon petit doigt, qui se trompe rarement, me dit qu'on va bientôt bien rigoler. En attendant, je vous dis vivement des infos plus marrantes, et vivement mardi prochain.

Par Mohamed Laroussi
Le 01/11/2016 à 12h02