Allons-nous enfin savoir qui se cache derrière nos burqas?

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ChroniqueVous savez quel est le titre que j'avais avant choisi pour cette chronique? Je sais que vous n'allez pas me croire, mais je vais vous le dire quand même: «Benky va-t-il mettre les voiles?»

Le 10/01/2017 à 11h58

Je vous jure que c'est vrai. D'ailleurs, vous conviendrez avec moi que cette question aurait été somme toute très légitime, aussi bien de ma part que de la part de beaucoup d'entre vous mais que, contrairement à moi, vous n'oseriez pas la poser parce que... je ne sais pas moi... parce que... Vous n'avez pas de réponse. Je dois vous dire que moi non plus je n'ai pas de réponse et c'est la raison pour la quelle je m'apprêtais à vous la poser tout en sachant que ça n'allait servir à rien.

Bref, vous n'avez plus droit à ce titre parce que, vous l'avez compris, le jeu de mots aurait été trop facile, et surtout parce qu'il y avait un risque d'amalgame que je ne me serais jamais permis de susciter.

Comme chacun sait et en est convaincu, la burqa est à M. Benkirane ce que le string est au pape, c'est-à-dire que ni l'un ni l'autre n'aimeraient que les femmes en portent. Quoique je ne suis pas très sûr pour le string... Ne me parle pas, bien sûr, pour le pape... De toutes façons, cette interdiction qui vient d'être décidée en ce moment précis où rien n'est clair, ne peut être mise qu'à l'actif -ou au passif puisque c'est selon- de ce gouvernement qui, qu'on le veuille ou pas, est toujours en fonction, et toujours sous la direction de M. Benkirane lui-même puisqu'il en est toujours le chef légitime.

En effet, cette décision à laquelle personne ne s'attendait, du moins pas maintenant, émane du ministère de l'Intérieur, et donc, du gouvernement. En vérité, je vous parle d'interdiction, mais selon les premières infos qui ont été diffusées ce lundi, il ne s'agit pas, pour l'instant, d'interdire le port de la burqa, mais uniquement sa production et sa commercialisation.

D'ailleurs il paraît que plusieurs commerçant spécialisés dans la vente de ces affreux cache-tout auraient été sommés d'arrêter, de le faire en «liquidant leur stock» (!?!) ou en les recyclant en des vêtements plus... décents. Tiens! Pourquoi pas en string? Ça en ferait des petites culottes! Et noires en plus. Super chic et super sexy!

Maintenant j'aimerais bien, et je suis sûr que vous également, savoir s'ils vont interdire ou pas définitivement le port de cette burqa qui n'aurait aucun rapport avec la religion musulmane, puisque même Eve, notre mère à tous, n'en portait pas, du moins si on en croit les photos où on la voyait poser avec son compagnon Adam.

Trêve de plaisanterie. C'est quoi cette confusion? Pourquoi ne pas être clair? Vous croyez qu'il suffit d'interdire la vente de la burqa ou même l'importation du tissu qui sert à en fabriquer, pour que les femmes qui ont envie de la porter ou qu'on oblige de le faire, allez savoir, ne la portent plus?

Bon, d'accord, il n'y aura plus de burqa à la vente publique, mais quid des femmes qui vont en confectionner chez elles, en cachette ou... pas? Au fait, j'ai une question plus terre à terre à poser. Quand on dit «burqa», on parle de quoi au juste? Je ne fais pas trop attention à ce type de femmes ne serait-ce que parce qu'elle ne m'attirent pas, mais je n'ai pas le souvenir d'en avoir vu habillées en vraie burqa afghane, bleue et tout et tout, avec notamment cette espèce de grille qui cache même les yeux.

En revanche, ce qu'on appelle le «niqab», ça j'en vois tous les jours. Alors, je vais poser la question autrement: va-t-on, aussi, interdire le niqab, pardon, interdire «sa vente et sa production?»

Franchement, au-delà de ce cafouillage jargonneux, j'aurais souhaité qu'on ait un vrai débat, politique s'entend et pas religieux, sur cet habit hideux, et sur le pourquoi et le comment de son interdiction ou... pas. Mais cela aurait supposé que, un, nous ayons des hommes et des femmes politiques, mais aussi des intellectuels, s'il y en a toujours, qui seraient prêts à entamer un tel débat. Et que, deux, ce débat puisse aboutir à des décisions qui seraient clairement prises par un Exécutif... existant.

Dois-je vous rappeler que nous sommes en train de parler fringues tranquillement comme si de rien n'était, alors que nous sommes sans gouvernement depuis... l'année dernière. Et, à voir la tournure que prennent les tractations, nous ne sommes pas prêts d'en avoir dans les prochains jours, voire dans les prochains mois.

D'où le titre auquel vous avez échappé et que, tout compte fait, j'aurais peut-être bien fait de garder, ne serait-ce que parce que le principal concerné aurait lui-même déclaré publiquement que «les carottes sont cuites».

Alors, M. Benkirane, juste entre nous, si jamais le blocage persiste encore et que vos «amis» de votre ex-majorité continuent de vous chercher des noises, pouvez-vous aller jusqu'à mettre les voiles? En attendant d'avoir peut-être une réponse, je n'ai plus qu'à dire vivement plus de clarté dans notre pays! Et vivement mardi prochain! 

Par Mohamed Laroussi
Le 10/01/2017 à 11h58