Les routes marocaines ne sont pas sûres. Le secteur national, l’ancien, est dangereux parce qu’à chaque virage on peut avoir la surprise de se trouver face à un chauffard qui double sans visibilité. Sur l’autoroute le danger ne vient pas des virages mais du ciel. Des criminels attendent la nuit pour lâcher de grosses pierres sur les voitures dans l’intention de les faire s’arrêter et se précipiter pour dépouiller leurs passagers. De temps en temps les pierres tuent. Ce fut le cas il y a quatre ans sur l’autoroute entre El Jadida et Casa où Mme Farida Berrada a reçu une pierre en plein cœur et perdit la vie sur le coup.
Cette tragédie avait ému tout le Maroc. On a suggéré que les passerelles soient couvertes rendant le lancement de pierres impossible. Certaines ont été sécurisées, mais elles sont rares. La preuve, les crimes de nuit se poursuivent en toute impunité. Parmi les épreuves à faire subir à ceux qui passent leur permis, il y aurait la conduite en zigzag afin d’éviter les grosses pierres jetées des passerelles.
Il y a plusieurs façons de lutter contre cette criminalité: installer des caméras inaccessibles aux voyous; accentuer la surveillance par des gendarmes; aggraver les sanctions des tribunaux contre ces pirates de notre temps tout en impliquant les sociétés qui exploitent ce secteur assez juteux. Mais les choses traînent et seuls ceux qui ont perdu un membre cher de leur famille savent combien nos autoroutes sont dangereuses la nuit en particulier.
Dernièrement une famille a déposé plainte contre la société «Autoroutes du Maroc» (ADM). Une dame avait reçu sur la tête une grosse pierre qui avait failli la tuer. Un tribunal vient de condamner ADM à verser 150.000 dirhams aux plaignants. Mais les responsables de ce secteur routier viennent de faire appel comme s’ils n’y étaient pour rien dans les meurtres que des salauds commettent en toute tranquillité. La justice a aussi fait remarquer la responsabilité de la gendarmerie qui doit assurer la sécurité des automobilistes qui choisissent de prendre les autoroutes en payant des droits de péage.
Un jour ou l’autre le péage devra baisser ses prix car les investissements auront été remboursés. A la limite, ce péage devrait être symbolique en attendant que nous suivions l’exemple de pays comme La Hollande et la Belgique qui l’ont rendu gratuit.
Si l’Etat ne peut pas tout faire, qu’au moins ceux qui profitent largement du péage prennent conscience qu’ils doivent assurer la sécurité de ceux qui empruntent leurs autoroutes. Ce ne sont pas des accidents de circulation, ce sont des crimes favorisés par les infrastructures qui ne sont pas sécurisées. Ce n’est même pas une question de moyens si on décide de grillager les passerelles. On pourrait imaginer faire appel à des publicités qui s’afficheraient sur les frontons. Ce serait un sponsoring tout à fait plausible.
La délinquance de plus en plus violente se développe dans le pays. La police, beaucoup plus engagée dans la lutte contre le terrorisme et sa prévention, semble négliger cet aspect de la vie quotidienne. Cambriolage, vol à la tire, agression physique dans la rue sont courants. La police fait ce qu’elle peut. Il arrive, lorsque l’agression tue, que la police fasse un effort. Mais il faut admettre qu’il y a des priorités qu’on ne peut discuter. Mais au-delà du travail que peuvent entreprendre la gendarmerie et la police, il est urgent de sécuriser les passerelles ou de les fermer. Et cela est du ressort et de la responsabilité des Autoroutes du Maroc.