Le jour où la dernière abeille disparaîtra, l’humanité suivra. Elle entamera sa fin. Ce constat évident et inquiétant est à prendre au sérieux. Qu’importe le nom du philosophe qui l’a dit.
Notre pays est directement concerné par cette prévision qui fait peur. Des insectes disparaissent, des espèces animales sont menacées, l’homme a tellement sali la planète qu’il ne se rend pas compte des dégâts qu’il a causés autour de lui. L’équilibre entre l’homme et la nature est rompu depuis longtemps.
Prenons le cas du Marocain en général. Il n’a aucun souci de l’environnement, pensant que les alertes des climatologues ne le concernent pas puisque ça n’arrive qu’aux autres. Certes, il y a eu, après Paris, la réunion de Marrakech sur le climat. Au niveau politique, la prise de conscience existe. Elle n’a pas été transmise au plus grand nombre de citoyens qui continuent de polluer tranquillement.
Alors qu’en Europe les paysans sont en train de changer leurs modes de production en vue de ne plus utiliser les pesticides qui empoisonnent les fruits et les légumes, au Maroc, on ne se pose même pas la question. La preuve, l’histoire de la menthe fraîche, pourrie par la chimie. Il a fallu atteindre un seuil critique pour alerter les consommateurs sur le danger d’une plante qui a été arrosée de poison et qui est utilisée quotidiennement dans le thé.
La condition des abeilles est préoccupante. Le consommateur ne s’en rend pas compte parce qu’il trouve toujours du miel sur le marché. Or ce miel viendrait souvent d’un pays d’Asie, peut-être la Chine, un miel hautement dangereux, fabriqué avec du sucre et certains produits chimiques cancérigènes. Avant d’acheter un pot de miel, vérifiez son origine. Evitez ce qui est made in China. Conseil d’ami.
La sonnette d’alarme a été maintes fois tirée. Des apiculteurs ont découvert des maladies dans les ruches d’abeilles. Cela vient des fleurs et plantes qu’elles butinent, lesquelles sont pourries de pesticides. Ainsi la production de miel a chuté; la presse en a parlé et certains responsables ont pris des décisions pour sauver les abeilles. C’est une lutte importante, car comme le signale notre philosophe, la perte des abeilles annonce forcément celle de l’homme. Déjà, un nombre hallucinant de personnes meurent chaque année suite à des cancers fulgurants. Nous avalons des particules fines et invisibles dans l’air, nous mangeons des viandes bourrées de médicaments et de produits chimiques qui leur donnent un aspect joli. Nous ne savons pas ce que nous avalons en toute quiétude. Prenez le saumon. Il est rose, gras et bon au goût. Si vous allez sur Internet et vous visualisez un reportage très sérieux fait en Norvège sur l’élevage de ce poisson, vous n’en mangerez plus jamais. Les journalistes enquêteurs ont été inquiétés et des services de vigiles ont tout fait pour les empêcher de filmer ce qu’ils découvraient. Le saumon sauvage est rare. Sa chair n’est pas rose, mais blanchâtre voire grise. Son goût naturel n’a rien à voir avec celui qu’on trouve dans le marché. Et pour le repérer, il faut voir le prix qui est environ trois fois celui du saumon d’élevage.
Il en est de même de certaines volailles. Des viandes sont importées de pays lointains et nous ignorons comment ces bêtes ont été élevées, ce qu’on leur a donné à manger.
Au Maroc, on sait par exemple que le prix du poulet beldi est parfois le double de celui du poulet roumi. C’est dire que le beldi ne vise pas la quantité mais la qualité. C’est ce qu’en France on appelle «Bio» et en Amérique «Organique». Ainsi la nourriture de qualité serait réservée aux personnes fortunées.
Ceux qui en ont les moyens mangent sainement. Les autres s’intoxiquent lentement même s’ils savent de quoi il retourne.
En dehors de la consommation quotidienne, le citoyen devrait adopter de nouveaux comportements: apprendre par exemple que l’eau est précieuse et rare. Ne pas la gaspiller. Ne pas laisser le robinet ouvert tout le temps. Prendre des douches plutôt que des bains. Le Maroc a connu des années de sécheresse rudes. Ce qui a eu pour effets de provoquer un important exode rural vers les villes, ce qui crée forcément des problèmes non prévus et difficiles à résoudre (voir ma dernière chronique sur la mendicité).
La politique des barrages est une excellente chose. Mais ce n’est pas parce que le Maroc dispose de barrages pleins d’eau, qu’il faut se comporter de manière désinvolte avec ce produit de la nature qui est fondamentale. Chaque année, les agriculteurs se réveillent, les yeux rivés sur le ciel. Va-t-il pleuvoir? Y aura-t-il cette année assez de pluie? Leur destin est lié au ciel et à ses caprices.
Pour toutes ces raisons, le Maroc a besoin d’une politique citoyenne qui, non seulement respecte l’environnement, mais prend au sérieux les menaces climatiques. Le citoyen doit trier ses déchets, respecter les arbres et les plantes, ne pas faire la chasse aux insectes, éviter le plus possible les produits chimiques, encourager les petits producteurs qui font du bio et apprendre à nos enfants le respect de la nature. Je me souviens au début des années soixante, tous les collégiens, une fois par an, plantaient chacun un arbre dans les environs de Tanger. Geste simple et symbolique. Pourquoi ne pas reprendre cette saine habitude?
Reste le problème épineux et dramatique du plastique. En Méditerranée des millions de poissons avalent du plastique que nous retrouvons dans nos assiettes. Renseignez-vous, allez voir les documentaires sur l’état des mers. Vous verrez des choses horribles, et quand vous êtes en face d’un poisson, sachez que dans son ventre il y a peut-être quelques bouts de plastique de la bouteille d’eau que vous avez jetée dans la mer.
Je ne dramatise pas. Le gouvernement actuel ignore ou feint d’ignorer ces réalités. Ne comptez pas sur lui pour vous alerter contre les poisons qui passent par nos assiettes. Et rappelez-vous: la fin des abeilles, c’est le début du chaos et du néant de l’humanité.