Pourquoi notre pays est l’objet de tant de haine? Une haine née, concentrée, constamment renforcée par un clan militaire dans un seul pays, notre voisin à l’Est. Je tiens à préciser que cette aversion ne trouve aucun écho chez le peuple algérien, un peuple courageux, digne et assoiffé de liberté. Marocains et Algériens entretiennent des relations amicales fortes depuis plusieurs décennies.
La haine est un sentiment complexe. Quand il s’agit de deux personnes qui se haïssent, souvent quelque amour est passé par là. Mais quand il s’agit d’une entité étatique, il faut aller fouiller l’histoire pour trouver le sens de cette haine qui s’acharne sur un autre pays. C’est exactement ce qu’il se passe entre le Maroc et l’Algérie.
A ce propos une anecdote savoureuse de Sacha Guitry: le lendemain de la première d’une de ses pièces, son secrétaire le prévient de ne pas lire le journal qui a publié une critique très méchante de son travail. Sacha Guitry, répond avec son ton nonchalant et moqueur: «je suis certain que celui qui a écrit cet article est quelqu’un à qui nous avons rendu service il y a quelques temps!». Et c’était juste.
Souvent des voisins s’entendent puis se fâchent, se réconcilient puis se haïssent de nouveau pour des raisons obscures ou insignifiantes. Mais nous sommes plus que des voisins. A un certain moment de l’histoire, il y avait une belle fraternité entre nous, une solidarité et une bienveillance. Cela avait duré le temps de la guerre.
Nous espérons du fond du cœur que cette fraternité empêchée par les militaires au pouvoir, revienne et que les frontières soient rouvertes.
L’Algérie de l’ère de Boumédiène, celui qui avait renversé en 1965 le président Ben Bella, son compagnon d’armes, a ouvert les hostilités au lendemain de la Conférence islamique de Casablanca en 1976. Cette réunion avait applaudi le fait que le Maroc ait réussi à récupérer son territoire du sud, occupé depuis 1884 par l’Espagne. C’était juste après la Marche verte.
Cela produisit une colère chez Boumédiène qui décida d’expulser tous les Marocains et Marocaines vivant sur le sol algérien. Des couples furent séparés et la haine s’installa de manière forte et définitive à l’égard du Maroc qui aspirait à achever son intégrité territoriale. Mais la haine surgit comme une flamme brûlant tout sur son passage, notamment le passé récent où le Maroc avait tant aidé les «frères algériens» qui combattaient durement l’armée française.
Le philosophe Spinoza explique la haine par la tristesse et l’aversion que provoque l’objet envié et donc haï. Pour lui, la haine n’est que le pressentiment d’une colère. Il ajoute: «dans la mesure où nous méprisons une chose que nous haïssons, nous nions d’elle l’existence…».
Plus loin dans le temps, Eschyle écrit: «le poison de la haine qui tient le cœur cause à celui que ce mal atteint une double souffrance: ses propres maux sont accrus et le bonheur d’un autre que lui est là».
La volonté de nuire découle naturellement de la haine. Les militaires algériens, ceux qui tiennent le pouvoir depuis l’indépendance, ont tout essayé pour nuire à notre pays. La création d’un mouvement de libération et même d’une république, n’a pas suffi à l’appétit cruel de ces gens-là. Ils ont dépensé des sommes considérables pour que des Etats africains, dont les dirigeants sont si peu regardant sur la morale et l’éthique, reconnaissent ce que l’appareil sécuritaire algérien avait créé de toutes pièces. Ensuite ce fut le lobbying tout azimut, notamment aux Nations Unies et au sein du sénat américain. En ce moment, un sénateur républicain est en train de s’agiter pour que l’administration Biden revienne sur les Accords d’Abraham, lesquels contiennent la reconnaissance par les Etats-Unis Amérique de la marocanité du Sahara.
Heureusement, le président Biden est un homme sage et raisonnable. Il sait que ces accords sont importants et historiques, durement acquis et qu’il faut au contraire les défendre et les consolider. Le lobby pro-algérien fait fausse route.
Les autorités algériennes, désavouées par leur peuple qui manifeste dans le calme et la dignité depuis deux ans, ne trouvent rien de mieux que de s’acharner sur la destinée marocaine. Leur haine est basse et sombre. Elle ressemble à leur naufrage. Et comme dit le poète chilien Pablo Neruda, «la haine a du sang sur le couteau». L’envie et la jalousie aussi.