Je pose d’abord un constat: le Maroc est le plus beau pays du monde! C’est vrai, puisque les citoyens d’autres horizons affirment la même chose pour leur propre pays. A partir de là, on se demande pourquoi L’Espagne reçoit chaque année près de 75 millions de touristes (ce chiffre est en hausse de 11,6% depuis 2016), et le Maroc situé à 35 minutes de Tarifa (14 km à vol d’oiseau), peine à attirer une petite dizaine de millions de touristes où on compte aussi les Marocains résidants à l’étranger?
Est-ce à cause du terrorisme ? La plupart des pays européens ont été visés par des attentats meurtriers. La France, qui a tant souffert de ce terrorisme, n’a pas été désertée par les 90 millions de visiteurs annuels. L’Espagne non plus. Alors pourquoi les touristes ont du mal à choisir le Maroc dans leurs destinations? Ce n’est certainement pas leur faute. Il faut voir comment, malgré notre fameux sens de l’hospitalité, nous les faisons fuir. Au mois d’août dernier, un immense bateau de croisière s’est arrêté au port de Tanger. Un responsable voyagiste m’a dit «ce bateau ne reviendra plus à Tanger!» Le capitaine lui a confié sa colère, car les gens descendus faire un tour dans la médina sont revenus furieux tellement ils ont été harcelés de toutes parts par des guides, faux ou avec plaque, des mendiants, des vendeurs de bricoles, bref, ils ont regretté d’avoir fait ce tour dans cette ville qu’ils rêvaient de connaître.
Le taux de retour des touristes dans notre pays n’a jamais dépassé les 10%. C’est assez parlant, assez évident pour que les responsables de ce secteur se réveillent et cherchent à réparer les failles, défauts et incongruités pour que des étrangers ayant choisi le Maroc ne le regrettent plus. A lire les commentaires postés sur le site très influent TripAdvisor, on est consterné et on se demande comment arriver un jour à changer le sens de ces remarques souvent justes et pertinentes.
Le problème est interne. C’est tout de même assez scandaleux d’expliquer le manque de touristes par la crise économique de 2008. Comme par hasard, la crise ne touche pas les pays européens, juste le Maroc dont le niveau de vie est inférieur à celui des Français ou des Espagnols.
«L’Economiste» du 15 août dernier a donné des chiffres inquiétants: le Costa Groupe, qui organise des croisières dans le monde, est passé de 180 escales au Maroc il y a quelques années à 4 escales (prévues en 2018). Un autre groupe, Aïda, a réduit ses escales dans les ports marocains de 40 à 5 ou 6.
La peur du terrorisme n’explique pas tout, d’autant plus que l’efficacité de la police a fait échouer des dizaines de tentatives d’attentats. C’est l’accueil qui est en grande partie responsable de ce désamour. La lenteur et la complexité des formalités des frontières, la méfiance liée à l’idée que d’éventuels terroristes se seraient infiltrés parmi les touristes, le manque d’infrastructures pour un bon accueil font que le touriste tourne de plus en plus le dos au plus beau pays du monde.
Ce n’est peut-être pas très grave, mais cela s’ajoute à la longue liste des choses qui ne vont pas bien et qui nous font si mal. Ainsi la vidéo du viol collectif d’une jeune fille dans le bus a fait le tour du monde. Le viol existe partout, mais ce qui a le plus choqué les gens c’est l’indifférence des occupants du bus, la non assistance à personne en danger. Cela n’encouragera certainement pas des étrangers à venir passer des vacances paisibles chez nous. Pour le Maroc, le tourisme n’est peut-être pas une priorité. Alors il faut arrêter de se plaindre et de rêver d’atteindre des chiffres fabuleux. C’est un secteur qui n’a jamais eu une politique claire et dynamique.