Bien loin des soirées mondaines de Casa ou Rabat, à mille lieux des débats et colloques universitaires, festivals ou concerts de Fez ou Marrakech, ce dont on parle le plus depuis pas mal de temps entre Ifrane et Azrou, ce sont des «palais» de la «reine de Qatar» et du «milliardaire émirati». En effet, aux portes d’Ifrane sur une hauteur bellement boisée, s’élève depuis quelque temps une sorte d’énorme palace-hôtel alpin comme on en voit dans les montagnes suisses, avec autour une ribambelle de dépendances. C’est la future résidence marocaine de Son Altesse la princesse Moza, mère de l'émir du Qatar actuel, et épouse la plus en vue, comme arbitre des élégances orientales, de l’émir douairier qui a volontairement abdiqué. Lalla Moza a un faible et pour Fez (où on l’a vue assister à des concerts de musique sacrée aux côtés de Lalla Salma, mère des enfants royaux marocains) et pour les cédraies des environs d’Ifrane. KOENIGSMARK Les populations moyen-atlassiques ne tarissent pas d’éloge sur «la reine de Qatar», les maçons surtout, et aussi tous ceux qui espèrent un emploi pérenne au palais qatari d’Ifrane, quand il aura atteint son fonctionnement normal. Certains architectes, paysagistes ou simples esthètes maghrébins ou européens, tout en vantant les plantations, notamment de peupliers, ordonnées autour de sa propriété par Lalla Moza, regrettent la «lourdeur» du bâtiment palatial en cours d’achèvement et invoquent a contrario la silhouette élégante du palais royal d’Ifrane lequel fut surnommé jadis «Koenigsmark», par rapport au roman éponyme de l’académicien parisien Pierre Benoit (1918). DISNEYLAND ET MOSQUÉE D’OMAR Près d’Azrou aussi s’est élevé ces derniers temps une sorte de vaste manoir médiéval, avec grosses tours à la française et arcades à l’orientale en contrebas. C’est absolument époustouflant dans ce paysage rustique du Moyen-Atlas. A proximité, la résidence personnelle du «milliardaire émirati», seul nom sous lequel les Azraouis connaissent le bâtisseur, est juste un peu moins voyante. Là aussi des maçons locaux se sont considérablement enrichis et des amis de la Nature vantent le goût, la passion même de l’Emirati pour, non pas les arbres, mais les roseaux géants à plumets blancs dont il a garni à profusion ses jardins … Le but affirmé du «milliardaire» est de créer là, au pied de l’Atlas, un «centre touristique»: déjà l’enclos pour les caravanes motorisées est ouvert. En revanche les autorisations pour l’ouverture d’un «cabaret» ne sont pas venues ; certains Azraouis estiment que la mairie péjidiste* ne veut pas de nouvelle licence pour l’alcool dans une ville de 40.000 habitants où des lieux de beuverie existent déjà. Par contre, tout près du complexe, fonctionne à plein une mosquée ronde, «don» du mécène émirati qui a voulu un édifice inspiré par le dôme d’Omar (ou du Rocher) à Jérusalem. Les paris sont maintenant ouverts à Azrou et ses environs sur l’ouverture ou non d’un cabaret avec alcool dans le complexe … En attendant, tant la «reine de Qatar» que le «milliardaire émirati» font et parler et travailler entre Azrou et Ifrane. Il n’y a pas là l’ombre d’un crime (à suivre) (*) C’est à dire du parti islamiste du Progrès et du Développement à la tête du gouvernement marocain depuis 2011
Par Hugoz Péroncel
Le 28/10/2016 à 11h04