Cette ingérence qui nous veut du bien…

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ChroniqueLa troisième problématique, la pire de toutes, réside dans le troublant enthousiasme d’une infime minorité de Marocains, qui jubilent à l’idée de voir une puissance étrangère s’ingérer dans les affaires intérieures de leur propre pays.

Le 15/07/2021 à 10h59

Le verdict est tombé il y a de cela quelques jours, Soulaimane Raissouni a été condamné à 5 ans de prison ferme pour «attentat à la pudeur avec violence et séquestration». Malgré les innombrables tentatives de politiser, voire de géopolitiser le procès, la justice est restée droite dans ses bottes. Les campagnes de désinformation menées de concert par les «idiots utiles» du militantisme du net et «la cinquième colonne» des intérêts étrangers au Maroc ont été aussi nombreuses que vaines. Tel un tourbillon dans un verre d’eau, ces dernières portèrent autant sur l’état de santé de l’accusé (diète alimentaire déguisée en grève de faim) que sur les prétendues «intentions réelle» de l’Etat marocain. Un procédé somme toute très stalinien que ces derniers intentent à l’Etat, celui du «crime d’arrière-pensée».

Une rhétorique qui s’est déployée au détriment d’une victime, totalement déshumanisée et sacrifiée sur l’autel digital d’un ressentiment idéologique, qui vise avant tout à saper les fondements des institutions marocaines, et créer un terreau favorable au chaos et aux ingérences étrangères que beaucoup d’entre eux ont appelé de leurs vœux. Que nenni, les Marocains ne vous suivront pas dans ce jeu trouble.

Par contre, les Etats-Unis fidèles à leur doctrine, n’ont pas raté l’occasion de s’ingérer ouvertement dans les affaires d’un pays souverain, le nôtre.

Ces derniers, par l’intermédiaire du porte-parole du département d’Etat américain, ont annoncé être «déçus» par le verdict, en ajoutant: «nous pensons que la procédure judiciaire ayant mené à ce verdict est en contradiction avec les promesses fondamentales du système marocain sur des procès équitables pour les individus accusés de crimes, et avec la promesse de la Constitution de 2011 et le calendrier de réformes de Sa Majesté le Roi Mohammed VI».

Rien que ça! Un ton paternaliste, voire condescendant auquel l’Hegemon du moment et notre «partenaire stratégique», soit dit en passant, nous a habitués, nous et d’autres, mais qui n’est pas sans soulever certaines problématiques majeures.

La première, la légitimé de l’émetteur. Est-il utile de rappeler les innombrables violations flagrantes des droits de l’homme dont s’est rendu coupable l’Oncle Sam depuis 1945: deux bombes nucléaires larguées sur des populations civiles, soutien à des dictatures anti-communistes (Pinochet au Chili, etc.), guerre du Vietnam, et plus récemment la dislocation de l’Irak en 2003, de la Libye en 2011, Guantanamo, Patriot Act, persécution de Julian Assange, …, la liste est trop longue pour tenir dans une chronique.

La deuxième, le travestissement des «droits de l’homme» au service des intérêts géopolitiques des Etats-Unis. Mis à part le deux poids deux mesures qui n’est plus à démontrer, le concept assez saugrenu d’«ingérence humanitaire» se fonde sur une sophistique très particulière. Le raisonnement part de l’idée qu’avant d’être des citoyens rattachés juridiquement à leur pays et par conséquent à des souverainetés nationales pleines et entières, ces derniers seraient avant tout des «humains», dépositaires de droits universels qu’aucune souveraineté ne saurait limiter. L’objet de la souveraineté dans ce paradigme serait le «citoyen», et pas l’«humain».

Cependant, le principe de prévalence de la souveraineté tel que stipulé par la charte de l’ONU est clairement affirmé dans l’article 2, paragraphe 1: «L’Organisation est fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous les membres». Dans ce contexte, les droits de l’homme constituent bel et bien un horizon universel, mais vers lequel chaque Etat se doit de tendre selon ses valeurs, son niveau de développement et ses impératifs nationaux.

L’universalité ne réside pas dans la forme, mais dans le fond. Il en résulte que le «citoyen» n’est pas une réalité distincte et séparable de «l’humain», mais il en est le mode d’expression juridique et territorialisé du point de vue du droit international.

La troisième problématique, la pire de toutes, réside dans le troublant enthousiasme d’une infime minorité de Marocains, qui jubilent à l’idée de voir une puissance étrangère s’ingérer dans les affaires intérieures de leur propre pays. Certains sont allés jusqu’à la réclamer, que dis-je?, jusqu’à la quémander sur les réseaux en taguant soigneusement dans leur tweets autant l’ambassade des Etats-Unis au Maroc que le département d’Etat américain. A ce propos, je me contenterais de rappeler que le fait même que ces derniers puissent le faire sans être inquiétés, constitue la preuve manifeste que le Maroc, loin de l’image lugubre et fantasmagorique que ces derniers promeuvent, est un pays démocratique à sa manière et tolérant, des fois je serais tenté de dire «un peu trop…».

Par Rachid Achachi
Le 15/07/2021 à 10h59