Tout sauf les élections!

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ChroniqueJe ne sais pas si les élections auront lieu, comme prévu, à la rentrée. J’espère que non.

Le 07/08/2021 à 09h00

Nous sommes dans la dernière ligne qui nous sépare de la campagne électorale. Un peu plus de deux semaines (le 26 août, si tout va bien), et on lancera le fameux: «Prêts? Partez!».

En ce moment même, beaucoup de gens comme vous et moi sont en train de sillonner le pays pour préparer la «fête». Ils sont lâchés sur les routes du royaume, à jongler entre les barrages et les contrôles d’identité, à changer de kemama toutes les quatre heures, et à prier pour que la course aux élections ne les envoie pas à l’hôpital.

Ils sont des centaines, peut-être des milliers, en comptant les candidats confirmés, les probables, les possibles, ceux qui espèrent encore être de la partie, et puis leurs staffs, leurs amis, leurs proches, etc.

Mais de quelle fête parlons-nous exactement?

En Inde, le fameux variant delta est né comme ça, en pleine campagne, alors que les uns et les autres rêvaient de députation, donnant ainsi un magnifique coup d’accélérateur à la propagation/mutation du virus.

Je suis désolé pour Aziz Akhennouch et ses efforts louables pour secouer les «indépendants». Désolé pour le PAM qui est prêt à s’unir à qui veut bien de lui. Désolé pour le PSU qui espère encore «grandir» alors qu’il est en passe d’être divisé par deux. Désolé pour tous ces candidats engagés dans une course contre la montre, qui donneraient tout pour obtenir la fameuse «tazkia» (accréditation).

Et désolé pour tous les vieux de la vieille, comme le vénérable Abdelouahed Radi, qui doivent se dire: «Alors j’y vais? Encore et encore? Ou j’arrête?». Honnêtement, dans quel état d’esprit tous ces braves gens se présenteront-ils à la «fête»? De quels «thèmes» pourront-ils bien nous entretenir?

Pour un candidat, et encore plus pour un électeur, le vote c’est l’espoir. Le candidat rêve d’être l’homme providentiel qui va changer le monde. Et l’électeur rêve que sa petite voix est un bien précieux qu’il n’abandonnera pas si facilement. C’est comme ça que ça marche…

Mais on est loin de toutes ces belles choses, de ces mirages, de ces promesses nécessaires pour bien huiler la mécanique électorale.

La morosité est telle que même si le vaccin (l’américain, pas le chinois, qui n’a aucune chance) se présentait parmi les candidats, il n’est pas assuré d’avoir son siège au parlement marocain. On lui dirait: reviens nous voir dans un mois ou deux. Et on lui fermerait la porte au nez!

Comment voulez-vous mobiliser les foules, avec les restrictions de rassemblements, de déplacements, etc.? Comment éviter, dans de telles conditions, l’arrivée d’un variant marocain? Comment voulez-vous faire la fête (les élections, c’est une fête!) alors que les invités ont la tête ailleurs?

Je ne sais pas si les élections auront lieu, comme prévu, à la rentrée. J’espère que non. Laissez passer la tempête s’il vous plait. La seule campagne qui vaille, en ce moment, c’est la vaccination. Réfléchissez-y !

Par Karim Boukhari
Le 07/08/2021 à 09h00