La Fédération royale marocaine de football (FRMF) va droit dans le mur. Alors que la FIFA lui a adressé un courrier le 29 octobre pour demander le report de l’assemblée ordinaire élective, prévue dimanche 10 novembre à Skhirat, la FRMF adopte une attitude très curieuse en faisant la sourde oreille à la requête de la plus puissante fédération de sport au monde. Car tout laisse croire à ce jour que la fédération ne compte pas ajourner l’assemblée élective. Une source au sein de l'état-major de la FRMF a même confié à Le360 : "La FRMF est sereine quant à la tenue dans des conditions normales de cette assemblée". Devant le peu de cas que la FRMF a fait du courrier de la FIFA, cette instance en a envoyé un deuxième, vendredi, en adoptant "un ton tranchant, limite menaçant", selon une autre source de la FRMF qui a requis l’anonymat.
Vive tension
Interrogé par Le360, le département médias de la FIFA n’a pas infirmé l’information relative au deuxième courrier, mais n’a pas voulu émettre de commentaire, alors qu’il a agi différemment quand Le360 l’avait sollicité au sujet du premier courrier demandant le report de l’assemblée générale de la FRMF à début 2014, après la Coupe du monde des clubs, qui se déroule du 11 au 21 décembre au Maroc. Le refus de commentaire par la FIFA du deuxième courrier peut être analysé sous l’angle de la tension qui règne aujourd’hui entre la fédération internationale et la fédération marocaine.
Que risque réellement la FRMF si elle choisi la voie de l’affrontement avec la FIFA ? Interrogé par Le360, Moncef Lyazghi, auteur d’un doctorat et de plusieurs publications sur le sport au Maroc, estime que la demande de la FIFA ne revêt pas un caractère obligatoire pour la FRMF. Il précise toutefois que le président sortant "Ali Fassi Fihri ne devrait pas emprunter la voie de l’intransigeance avec la FIFA. C’est contreproductif et peut très sérieusement remettre en question les acquis récemment obtenus par le Maroc, notamment la réconciliation avec le président de la CAF, Issa Hayatou, et le réchauffement des relations avec Sepp Blater, président de la FIFA". Et de conclure : "L’intransigeance de la fédération marocaine n’est pas sage et il n’est pas dans l’intérêt du Maroc de se faire un ennemi de la FIFA qui ne laissera pas passer cet affront sans représailles".
Il est à signaler que les deux candidats en lice à la présidence de la FRMF, Abdelilah Akram et Fouzi Lekjaa, ont organisé, jeudi, une conférence de presse dans deux lieux distincts à Casablanca. Akram a fait attendre les journalistes plus de 30 mn. Fouzi Lekjaa a fait mieux : 75 mn. Le retard de ce dernier a fait les titres de plusieurs sites d’information et journaux. La raison ? L’entourage de Lekjaa a expliqué aux journalistes que ce retard est dû à la participation du président du club de la Renaissance de Berkane à la délégation qui a accompagné le roi Mohammed VI à Abu Dhabi et qu’il est venu directement à la conférence de presse "quelques heures à peine après son retour des Emirats". S’il fallait chercher une autre preuve du zèle de l’entourage de Lekjaa à laisser croire que c’est le candidat du palais, en voici une supplémentaire qu’ils ont trouvé dans un avion à bord duquel se trouvait un Lekjaa dont le dévouement pour le football est plus fort que le décalage horaire. Pourtant, tout le monde sait que le déplacement du roi à Abu Dhabi est une visite privée où Lekjaa n’a rien à faire. Et comment se fait-il que le roi ait prononcé son discours mercredi à Rabat à 20h30, alors que Lekjaa qui a atterri dans le même avion arrive en retard à sa conférence de presse, organisée le lendemain, jeudi, à Casablanca ? Décidément, on ne fait ni dans la vérité ni dans la vraisemblance dans le camp de Lekjaa.